Thursday, September 22, 2016

Citation du 23 septembre 2016

La source et l’essence de notre richesse sont données dans le rayonnement du soleil, qui dispense l'énergie - la richesse - sans contrepartie. Le soleil donne sans jamais recevoir...
Georges Bataille – La Part maudite (1949)
Hier nous évoquions avec nostalgie les belles années durant les quelles nous gaspillions sans jamais penser à demain toutes les richesses de la terre…
Aujourd’hui, pour être heureux il faut s’efforcer de vivre en harmonie avec la nature, faire des bilans et arriver à l’équilibre : « J’ai pris tant – je remets autant ». Et pourtant…
Pourtant, si la nature est coextensive à l’univers alors, sauf mécanisme inconnu, elle est bien le lieu de l’entropie. Je veux dire que le désordre est l’état le plus stable, celui vers le quel évolue l’univers ; que du coup, l’énergie concentrée dans les étoiles telles que notre soleil tend à se disperser, et que, sur terre ce que nous appelons gaspillage correspond exactement à cela. Il a fallu bien des efforts et de l’énergie pour fabriquer ces fichus sacs plastiques qui polluent la terre et les océans ; mais patience ! Dans quelques milliers d’années ils se seront décomposés en molécules, les molécules en atomes…
On veut n’utiliser que des énergies durables. – Veut-on dire aussi que nous devons aller contre l’entropie de l’univers ? Le vent inépuisable fait tourner les éoliennes. Inépuisable ? Mais le vent est animé par les différences de températures donc d’ensoleillement sur terre. Que le même soleil excite les atomes de nos panneaux solaires, les amenant à engendrer du courant électrique ? Bien sûr : le soleil dans sa générosité donne sans jamais recevoir.
Oui : cela est vrai parce que nous restons à l’échelle de l’humanité – de la durée estimée de l’espèce humaine. Car à l’échelle des durées cosmiques on le sait : le soleil s’épuise à donner sans jamais recevoir. Dans quelques milliards d’années, il s’éteindra comme une chandelle consumée.


La philosophie de ces réflexions serait que, dans la vie, on doit se définir par rapport à un ensemble fermé, famille, amis, peuples, espèce, à l’intérieur du quel on peut en effet faire des bilans, équilibrer ce qu’on prend avec ce qu’on rend, se maintenir à niveau etc.
Mais si l’on veut passer à une échelle supérieure, alors il faut s’attendre à voir se dissoudre tout ce que l’on connaît dans l’homogénéité d’un désordre parfait. Une sorte d’indouisme – moins l’éternel retour.

« Voici la vérité : de même que d'un feu ardent sortent par milliers des étincelles pareilles à lui, ainsi naissent de l'Être immuable (Brahman) toutes sortes d'êtres qui retournent à lui. » Mundaka Upanishad, II-i-1 (Atharva-Véda).

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