Sunday, September 18, 2016

Citation du 19 septembre 2016

J’aimerais mieux être un crapaud et vivre des vapeurs d’un cachot que de laisser un coin de l’être que j’aime à l’usage d’autrui !
Shakespeare – Othello


La mort de Desdémone par Alexandre Colin (1)

La jalousie.
Si l’on veut savoir en quoi consiste la jalousie, le mieux est de demander à celui qui parait en être le modèle indépassable : Othello. En effet, si Othello est l’amant le plus fervent, qui va jusqu’à mourir pour ne pas survivre à son aimée, il est aussi celui qu’une terrible jalousie a poussé jusqu’au meurtre. Mais ce faisant, on identifie la jalousie à son effet meurtrier et on oublie de quelle exigence elle est faite.
Etre jaloux c’est vouloir posséder totalement un être, au point de refuser de laisser «  un coin de l’être aimé à l’usage d’autrui ! » Othello aurait parfaitement supporté que Desdémone fasse l’amour avec un autre homme à supposer qu’il l’eût choisi lui même ; aurait-il admis qu’elle se livre avec passion à une activité comme la peinture ou le clavecin ? Probablement pas, car voici l’essentiel : Desdémone est la chose d’Othello, elle se définit par l’usage qu’il peut en faire, et tout en elle doit dépendre de son bon plaisir.
Donc, pas de jalousie sans possession – Mais alors : s’il n’y a pas d’amour sans jalousie, pas d’amour non plus sans possession ? C’est du même mouvement qu’Othello aime sa bien aimée, et qu’il désire la posséder jusqu’au tréfonds de son âme ? Pour souvenir, rappelons que Sartre dans l’Etre et le néant définit justement l’amour comme ça : le désir de posséder une liberté comme liberté.
Bon pourquoi pas ? Maintenant, songeons que l’amour est aussi un désir réfléchissant : désir de posséder l’aimé, mais aussi désir d’être aimé ; que vaut la vie pour qui n’est aimé de personne ? Mais alors : ce désir d’être aimé serait aussi celui d’être possédé ? D’être utilisé par un autre de façon exclusive, et donc d’être dépossédé de sa propre liberté ? Seulement alors que Sartre explique comment une liberté peut se donner tout en restant liberté, voici qu’il nous faut expliquer comment on peut vouloir sa propre servitude.
-------------------------------------

(1) Voir ici dans une galerie collectant les représentations des assassinats en peinture.

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

ce sujet est bien abordé. et je resterait de ce que vous nous faites une belle démonstration. Pour le reste je joue mon jocket car la fatigue d'une journée de méditation et de prise de décison nuit à un petit développement, et lje donne au silence sa voix magique sur la niéserie d'une écriture sans oxygéne
très amicalement mon très cher Philosophe...
A bient^to