N'urine pas à
l'embouchure d'un fleuve qui se jette dans la mer […]. Il faut l'éviter. N'y
soulage pas ton ventre ; cela vaut mieux
Hésiode – Les Travaux et les jours (fin
du 8ème siècle av. J.-C) Cité par Pareto
– Traité de sociologie, § 154
On croit
aujourd’hui que les soucis écologiques datent de notre siècle et que
l’insouciance gaspilleuse et souillarde était la règle autre fois. Eh bien
non ! Voyez plutôt combien Hésiode était soucieux de la pureté de l’eau et
comment il demandait d’éviter de polluer un cours d’eau des déjections
humaines. On aimerait qu’aujourd’hui
cette règle soit respectée par les éleveurs bretons…
Venons-en à
Pareto.
Pareto donne
cet exemple pour illustrer le cas où une action n’articule pas de façon logique
un moyen à une fin. Car soulager son ventre dans un cours d’eau n’a pas pour
but de polluer le cours d’eau même si c’est justement son effet. Toutefois, si
quelqu’un fait pipi dans le ruisseau, c’est qu’il a bien une intention :
il veut également ne pas polluer son environnement ; que le cours de l’eau
le débarrasse de ces déjections… Le fleuve ne serait donc qu’une chasse d’eau
naturelle ? Regardons mieux : après le fleuve, qu’y a-t-il ? La
mer nous dit Hésiode, et c’est vrai. Mais nous, aujourd’hui, entre le pipi et
la mer, nous avons intercalé la station d’épuration, parce que nous avons le
souci de préserver l’environnement – par seulement le nôtre, mais aussi celui
des autres – de toute pestilence comme la prolifération des algues vertes en
Bretagne : épandage de lisier = vertes
Et voilà le
ressort de la pollution : les pollueurs ont le sentiment que les déchets
sont pour les autres et pas pour eux. Les ordures jetées à la mer ; les fumées dispersées dans
l’air ; le lisier répandant son azote dans les cours d’eau qui va développer
des algues vertes là-bas, dans la mer (1). Les anglais ont une expression très
claire pour dire ça :
Not in my
backyard
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(1) Mais, je sens
que nos amis bretons s’énervent et qu’ils s’apprêtent à enfiler de nouveau
leurs bonnets rouges. – Alors, disons-le haut et fort : Oui, il faut réviser
notre opinion à propos du lisier ! Lisez donc ceci : « Le lisier de porc contient des dérivés de
l'azote, du phosphore, du potassium, mais aussi du calcium, du magnésium, du
sodium, ainsi que des oligo-éléments : cuivre, zinc, manganèse, fer, soufre,
bore, molybdène. » Miam !
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