Ma trinité, c'est la bouche de rose, le sein de lis, puis
encore autre chose.
Evariste
De Parny (1753–1814)
Trinité 4.
Dans notre post
consacré à la trinité dans les devises et les sentences nous avions déclaré que
la structure ternaire apporte une sorte de fermeture, telle que la formule
n’est complète que lorsqu’elle comporte trois éléments, et qu’elle paraît
boiteuse tant qu’elle n’en a que deux.
Pour Evariste de Parny la Femme aimée est à la fois sainte
et adorable ; ce qui en constitue la quintessence c’est : la bouche rose, le sein de lis. / et
c’est tout ? Eh bien on le sent : il manque quelque chose, venant
clore la progression en la complétant, faisant que de deux, ces attributs deviennent
trois.
Seulement voilà : ce troisième terme n’est pas
nommé ; laissé dans le vague, c’est « encore autre chose ». Notre poète qui a en effet senti la
nécessité d’ajouter un troisième élément, aurait-il été privé d’imagination, laissant
ce troisième attribut indéterminé et attendant du lecteur qu’il mette à sa
place ce qu’il voudra bien comprendre ? Que nenni ! C’est une
ellipse, procédé rhétorique bien connu.
L’ellipse est une omission qui permet de renforcer l’idée. –
Oui, mais la quelle ? On pourrait penser
que le poète, laissant dans le vague la troisième qualité de la Bien-aimée, veuille
évoquer « son ventre de soie » ;
ou peut-être « sa cuisse de
nymphe » ? Franchement voilà qui est un peu ridicule, tellement
ces expressions sont convenues dans un poème élégiaque. Donc il s’agit de ce
qu’on ne nomme pas parce que la convenance interdit de le dire – je veux nommer
le sexe de la femme. Tout en restant dans le registre poétique, on peut donc
supposer qu’après « la bouche de
rose et le sein de lis », ce qui est gommé est une expression telle
que « sa vulve de nacre » : voilà en effet ce qui est si fort
qu’on n’ose pas le dire.
o-o-o
Le désir et la jouissance gagnent en force lorsqu’ils sont
stimulés par le secret : et l’ellipse n’est, dans le poème, qu’un procédé
stylistique, premier pas vers la satisfaction d’un désir amoureux qui dans la
réalité cherchera l’obscurité complice.
Photos volées du Président Hollande en route vers le domicile de sa maitresse
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