La vie est jeune. En vieillissant, elle se fait durée, elle
se fait temps, elle se fait adieu. Elle vous a tout pris, et elle n’a plus rien
à vous donner.
Romain
Gary – La promesse de l'aube
En vieillissant la vie se fait durée, c’est à dire
continuité : en elle, les choses qui changeaient tout le temps accèdent à
la permanence ; puis elle se fait temps, c’est à dire succession ;
elle finit par un adieu. Dans l’adieu, la vie cesse, parce qu’elle n’a plus
rien à donner.
--> La vie est élan, élan vital disait Bergson, sous sa forme consciente elle disparaît dans la répétition, dans la pesanteur d’un présent figé et dans
l’arrêt.
Donc, on comprend que la vie soit jeune, car elle a
besoin de produire, de créer. Seulement pour ce faire elle a besoin de carburant,
celui qui est en vous – celui qui est vous.
La jeunesse est donc énergie ? Certes mais elle est aussi consommation
insouciante de l’avenir, car elle dispose de cette énergie comme si demain ne
devait jamais arriver.
On dira alors que la jeunesse qui possède ce carburant le
brûle sans compter, sans imaginer qu’il ne se renouvellera pas ; oui, mais
voilà : la vie est une énergie non renouvelable ! En réalité ce stock
s’épuise et ne se remplira jamais – n’est-ce pas là ce qu’on appelle
vieillir ? Dans ma jeunesse, j’oubliais volontiers de fermer le robinet en
me lavant les dents et je n’éteignais jamais les lumières en sortant du salon.
Insouciance ? Oui, bien sûr ; mais surtout bien
heureuse ignorance. Car, comme le dit l’Ecclésiaste, « avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de
chagrin, et celui qui augmente sa science augmente sa douleur » (Ecc.
1 : 18)
No comments:
Post a Comment