Thursday, September 01, 2016

Citation du 2 septembre 2016

Courroux : colère noble ne convenant qu'à des gens de la taille d'Assurbanipal ou de Nabuchodonosor.
Pierre Daninos
Dies irae Dies illa.
Verdi – Dies irae du Requiem (lire en annexe) A écouter ici

La colère a mauvaise réputation : tantôt ridicule – comme avec le colérique ; tantôt regrettable y compris pour celui qui s’y est livré. Mais la colère véritable doit être sainte ; elle resplendit dans le colère de Dieu qui se déchaine au Jugement dernier. Prenez donc 2 minutes pour écouter le Dies irae de Verdi et vous saurez ce que ça veut dire (vous pourrez pour faire bonne mesure ajouter le Tuba mirum qui suit).
Enumérons donc les critères de la sainte colère, celle que Daninos attribue à Assurbanipal ou à Nabuchodonosor.
            - D’abord elle doit être justifiée. C’est précisément le colérique qui se met en colère pour n’importe quoi, non parce que c’est justifié, mais parce que c’est sa nature. Soyez convaincu qu’au moment de déclencher le Jugement Dernier, Dieu a de très bonnes raisons d’être en colère contre ces créatures indisciplinées et corrompues que nous sommes devenus.
            - Ensuite, la colère doit être proportionnée non à la force de celui qui la subit, mais à la signification qu'on souhaite lui donner. Bien sûr, Dieu pouvait réduire en cendres d’un seul coup l’humanité comme dans l’épisode de Sodome. Mais outre qu’il aurait frappé des innocents, Il peut faire quelque chose de plus terrible encore, parce qu’il en a le pouvoir : c’est de précipiter les réprouvés un par un dans le gouffre de l’enfer. Ecoutez Verdi : vous entendez les âmes tomber en tourbillonnant dans l’abîme insondable d’où elles ne ressortiront jamais.

On comprend que le ridicule soit incarné par le petit homme nerveux et hystérique qui déchaine des colères sans raison et sans force véritable – chacun trouvera l’exemple qui lui plait. Mais on ne peut imaginer Dieu se « mettant en colère » comme nous mêmes – ce serait une profanation terrible.
Voyer cette gravure : 
Pieter van der Heyden – Le Jugement dernier

Si Dieu est en colère, celle-ci ne se marque pas dans son apparence : il trône, il orchestre, il organise. D’une main il bénit les élus ; de l’autre il fait un geste qui suffit à précipiter les réprouvés dans les tourments de l’enfer. C’est ça la vraie puissance : faire que même en colère un simple geste suffise à produire l’effet nécessaire. La colère humaine quant à elle est toute entière faite de signes – même lorsqu’elle se manifeste dans des gestes désordonnés  « inappropriés » comme de casser le vase en cristal du salon.
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Annexe

Requiem de Verdi « Dies iræ, dies illa, / Solvet saeculum in favilla, / Teste David cum Sibylla / » (Jour de colère que ce jour-là / où le monde sera réduit en cendres / selon les oracles de David et de la Sibylle

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