Quand un
homme cuisine, c'est pour jouer, pour tenter une acrobatie culinaire qui
provoquera des rires ou des exclamations. La même chose en soi prend des
significations très différentes selon le sexe.
Boris Cyrulnik – Les nourritures
affectives
Réveillon de Noël (III)
Le réveillon des
messieurs
Après le
réveillon jeunes filles, et puis celui des dames, voici le réveillon des
messieurs. Non pas que les conseils de ces derniers jours n’aient pas de
valeurs pour eux, mais voilà : quand il s’agit de cuisiner – et on
supposera que vous ne commandez pas votre réveillon chez Picard – les messieurs
et les dames ne s’y prennent pas de la même façon, parce qu’ils ne cherchent
pas la même chose.
Si les femmes
cuisinent c’est pour capter l’attention des hommes non pas sur la dinde farcie
ou le homard thermidor, mais sur leurs
beaux yeux et leurs jolies lèvres dessinées au pinceau (1). Les hommes quant à
eux aiment particulièrement cuisiner pour les grandes occasions. Bien que désormais
nombre d’entre eux se mette au fourneau au quotidien, il n’en reste pas
moins, comme le dit Cyrulnik, que « les
hommes cuisinent pour étonner », – et cet étonnement peut fort bien être le début
de la séduction. En tout cas, on comprend que si la cuisine est sexuée, ce
n’est pas que le sexe soit forcément pour elle un but mais plutôt une origine.
Donc c’est
pour les messieurs qu’en cette période de l’année sont proposés dans les hypermarchés
des steaks d’autruche, des rôtis de kangourous, et – à ne pas oublier – des insectes
en amuse-gueule (2)
… Alors, je
sens bien qu’après la lecture de ces trois Posts consacrés au réveillon, une
question brûle les lèvres de mes lectrices et de mes lecteurs :
compte tenu des différences d’orientations entre les jeunes-filles, les femmes
et les hommes, comment ces réveillons « genrés » pourraient-ils faire
un seul heureux et fécond moment d’intimité ?
A chacun de
faire comme il veut. Moi je propose de garder le réveillon masculin (mesdames,
demandez à votre (futur) chéri de prendre la commande de la cuisine (quant à
vous messieurs imposez-vous un peu !)) ; puis lancez la conversation,
mais ne restez pas au niveau des commentaires sur l’avenir de l’humanité grâce
aux fermes d’élevage de criquets ; si vous mangez de l’autruche, songez à
évoquer le premier matin du monde avec le réveil de la faune dans les parcs
animaliers d’Afrique du Sud. Et alors le coup de l’épaule accueillante sur le canapé
devant le feu de bois devient tout naturel…
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(1) Je laisse
bien évidemment de côté le cas des femmes-nourrices qui, nanties de bras gros
comme des jambons d’York, vous balancent la louche de soupe aux pois dans
l’assiette.
(2) Quelques
conseils néanmoins avant de vous lancer (lire ici) :
- Vérifier que les insectes achetés
portent la mention « insectes comestibles » pour la consommation humaine.
- Certaines espèces comme les vers
de farine peuvent être réduites en poudre. La farine tamisée pourra alors
entrer dans la réalisation de plats ou de desserts.
- Dans le cas d'insectes frits, les
plonger quelques secondes seulement dans la friture.
2 comments:
mon reveillon étant en tête à tête avec moi je souffle
ce sera gouteux pour la bouchée me fasse oublier mon chagrin,
d'être seule et surtout la raison de cette solitude.
je vous embrasse
- Oui, on peut considérer que l’homme est un être qui aime détruire les autres ; mais nous en avons pourtant besoin pour vivre. Kant estimait que cette contradiction était une conséquence bienfaisante de notre nature, car toute la compétition par la quelle nous tentons de surpasser les autres entraine un progrès bénéfique à la société. Il appelait ça « l’insociable sociabilité »
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