Sunday, June 11, 2017

Citation du 12 juin 2017

J’arrive à une conclusion très simple : la vertu essentielle de la démocratie, le principe de la démocratie au sens de Montesquieu, ce n’est pas la vertu, c’est l’esprit de compromis.
Raymond Aron
Raymond Aron ferraillait fréquemment avec les communistes qui étaient adeptes de la dictature du prolétariat. Pour eux, la politique relève d’une science (le matérialisme historique) et d’une idéologie (le matérialisme dialectique) et il ne restait aucune place pour le débat et encore moins pour le compromis. Dans notre Post d’hier, Aron nous expliquait que la démocratie était attachée au débat. Aujourd’hui nous faisons avec lui un pas de plus : derrière le débat, le compromis.
- Qu’est-ce qu’un compromis ? Lisons le TLF : « Dans une affaire difficile ou délicate, dans un litige, (le compromis est un) accord obtenu par les concessions mutuelles des parties en présence. » Autrement dit, le compromis suppose l’art d’articuler des projets différents dans un tout cohérent.
Alors pourquoi considère-t-on si souvent que le compromis soit une capitulation, et qu’il paraisse lié à un défaut plutôt qu’à une vertu – ne parle-t-on pas alors de compromission ?
Bien sûr, l’idée qui vient à l’esprit est qu’il n’y a qu’un projet possible et que faire des concessions à l’opposant revienne à renoncer à un idéal : c’est une capitulation. Telle devait être l’attitude des marxistes auxquels Aron s’adresse le plus souvent.
Mais il y a aussi une autre raison qui fait rejeter le compromis : c’est qu’il correspond à une certaine dynamique du pouvoir dans la quelle on ne souhaite pas s’engager. Tel gouvernement, parce qu'il ne possède pas la majorité absolue, est obligé de calculer les voix qui lui manquent et de partir à la quête de celles-ci, prêt à les payer le prix qu’on lui demandera. (1)
Finalement, le seul compromis vertueux consiste à amender un projet en fonction des exigences du peuple que l’idée initiale ne prenait pas en compte. Ça suppose que tous, majorité comme opposition soient à l’écoute du peuple. Et aussi qu’on admette le principe suivant : En démocratie, il n’y a pas de science politique reconnue : la seule vérité est celle sur la quelle nous sommes tous tombés d’accord.
------------------------------------

(1) On pense à Theresa May qui pactise avec les Unionistes protestants d’Irland du nord. Elle sera obligée de faire les concessions qu’ils exigeront.

No comments: