Tous mes jours sont des adieux
Chateaubriand
Nous voici, avec Chateaubriand, dans la posture romantique,
faite de regret et de mélancolie pour les jours enfuis, emportant ce qu’il y a
en nous de meilleur et ne laissant à la place que soupirs et nostalgie.
Et pourquoi pas « Tous
mes jours sont des bonjours » (valable aussi en 2 mots) ?
Pourquoi ne pas se réjouir même de voir disparaître quelque chose de nous avec
le temps qui passe ? Oui, pourquoi ne pas espérer que l’avenir nous
délivre de nous-mêmes ? Si l’on est effectivement au fond du désespoir, on
devrait espérer que ce couvercle de plomb qui écrase notre horizon et nous
prive de tout avenir se soulève, qu’on puisse enfin lui dire adieu ?
Seulement voilà : en fait de romantisme, cette pensée-là
est une pensée dépressive. On l’a expliqué en disant que les romantiques étaient en
réalité de jeunes aristocrates spoliés de leurs biens, ou privés de l’aventure
révolutionnaire, ou encore des ambitieux venus après l’épopée napoléonienne.
Des jeunes gens qui auraient voulu être plus vieux pour pouvoir vivre l’époque
où tout basculait, et où le renouveau surgissait de partout. Bref :
l’avenir est alors celui d’une décadence, parce qu’on s’éloigne toujours
d’avantage d’un âge d’or définitivement révolu.
De nos jours cette phrase pourrait être prononcée dans deux
cas possibles :
- soit il s’agit d’un vieillard qui regrette les jours
passés et qui chaque matin a perdu un peu plus ce qui faisait de lui un être
conquérant et heureux de l’être.
- soit il s’agit d’un être jeune mais qui se comporte comme
un vieillard – entendez qu’il se définit seulement par rapport au passé porté
par les anciens, et non comme un jeune héros qui prend l’avenir à plein bras
pour le modeler selon ses désirs.
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