Vous avez dû premièrement / Garder votre Gouvernement ; /
Mais, ne l'ayant pas fait, il vous devait suffire / Que votre premier roi fût
débonnaire et doux : / De celui-ci contentez-vous, / De peur d'en rencontrer un
pire.
La
Fontaine – Les Grenouilles qui demandent un roi (Lire ici)
On a eu l’occasion de le dire ici-même : lorsque nous
voulons prendre un peu de distance afin d’analyser notre époque, il faut lire
La Fontaine. Ainsi de notre subit engouement pour un Président Jupitérien au quel
nous rêvons de donner tous les pouvoirs : la fable « Les grenouilles
qui demandent un roi » tombe pile sur la situation.
Voyez plutôt – ça commence comme ça : « Les Grenouilles, se lassant / De l'état
Démocratique, / Par leurs clameurs firent tant / Que Jupin (= Jupiter) les
soumit au pouvoir Monarchique. ». En effet il semble bien que ce soit
ça qui nous arrive, au point qu’on n’imagine même pas que ce roi ait encore
besoin de députés puisqu’il peut gouverner par ordonnances.
Et ensuite ? Jupin accéda à leur demande : « Il leur tomba du Ciel un Roi tout
pacifique (…) / Or c'était un Soliveau (= une bûche), / (…) Et leur troupe
à la fin se rendit familière / Jusqu'à sauter sur l'épaule du Roi. / Le bon
Sire le souffre, et se tient toujours coi. / Jupin en a bientôt la cervelle
rompue. / Donnez-nous, dit ce peuple, un Roi qui se remue.» :
Bref ; comme un précédent Président trop
« normal » les grenouilles s’irritent d’avoir un roi qui ne fait rien
et qui supporte toutes les familiarités. Du coup, le peuple des marais réclame
encore à Jupiter : « Donnez-nous, dit ce peuple, un Roi qui se
remue. ». Et Jupiter lassé leur envoie une grue qui les gobe toutes.
Yves
Becquet (vu ici)
La morale de la fable risque de bien nous décevoir :
contentez-vous, dit le fabuliste d’un roi inactif, car lorsqu’un roi agit c’est
pire encore.
Rappelez monsieur Hollande !
Mais nous on est bien plus malin que les grenouilles de la
fable : celui que nous avons convoqué à l’Elysée, c’est Jupin
lui-même !
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