Tout ce que
j’ai le droit de faire est-il juste ?
Sujet de philo – Bac série L 2017
Chaque année
les candidats qui préparent le bac se demandent ce qui, dans l’actualité,
pourrait susciter un sujet de philo et donc qu’est-ce qu’ils pourraient
anticiper dans leurs révisions. Ils ont en général tort, pour une raison
imparable : les sujets sont choisis en décembre et les épreuves ont lieu
en juin. Entre temps, l’actualité peut fort bien changer – et on constate que
c’est bien ce qui se passe.
Pourtant, il
arrive que des évènements d’actualité se répètent à une cadence assez rapide
pour que l’actualité de novembre, oubliée en janvier redevienne préoccupante en
mai-juin.
Ainsi de « Tout
ce que j’ai le droit de faire est-il juste ? », sujet dans lequel
chacun aura reconnu une allusion aux affaires de monsieur Fillon. Lorsque monsieur Fillon a dit : « ce
que j’ai fait n’est pas illégal, donc j’avais le droit de le faire, donc je n’ai rien à me reprocher »,
on a eu un sursaut : cette dernière coordination allait-elle de soi ?
Et puis, dire que ce qu’on fait est « juste », ça veut dire
quoi ? Peut-être simplement que c’est approprié, et que l’acte tombe bien
en place, juste au bon moment, au bon endroit. Mais est-ce que ça veut dire que
c’est juste en tant moralement
souhaitable ?
Ce fut aussi,
ne l’oublions pas, le débat lors des évènements de Charlie-Hebdo sur la
question des blasphèmes : permis et pourtant considérées par certains
comme violences intolérables. On a vu alors qu’il fallait distinguer le légal du moral. Si mon comportement agresse mon semblable, alors même
qu’aucune loi ne l’interdit, il n’est pourtant pas moral de le faire : je
peux blasphémer tant que je veux… à condition que personne n’en souffre. A
moins de le faire dans l’intention de nuire, mais là ce n’est déjà plus légal.
Ajoutons que
la philosophie est capable de soulever des problèmes qui échappent à
l’écoulement de l’histoire et qui restent donc d’actualité en tout temps :
il y a à peine un mois, les candidats de Pondichéry ont planché sur un texte
d’Alain de 1925 qui justifie le « dégagisme »
en tant que garantie de la démocratie (si vous ne me croyez pas, aller voir ici).
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