L'homme est une création du désir, non pas une création du
besoin.
Bachelard
L’opposition entre désir et besoin est toujours d’actualité,
mais elle ne date pas d’aujourd’hui, chaque époque la mettant en jeu à partir
de sa problématique propre. Pour refuser le désir et pour s’en tenir à la
satisfaction des besoins, notre époque a mis en avant :
- la
conservation de la planète.
Mais autrefois, on avait d’autres préoccupations qui toutes
aboutissaient pourtant à la même volonté d’exclure le désir :
- la
préservation de la pureté de l’âme ;
- le
bonheur dans la sérénité.
Il en va de même pour le adeptes du désir : les motifs
de le privilégier sont restés à peu près les mêmes :
- soit on
fait (comme ici) du désir le moteur du progrès humain ;
- soit son
exclusion est jugée contre-nature et d’une insupportable tyrannie ;
- soit
enfin on introduit le plaisir – contre partie du désir – comme souverain bien.
Se plaçant dans une perspective évolutionniste, Bachelard
entre donc dans une voie déjà tracée avant lui : faisant cela il considère
l’âge d’or comme un progrès à venir et non comme un paradis perdu dans un passé
auquel nous aspirons encore.
Pourquoi pas ?
--> Mais il fait un peu plus que cela : puisque ce
sont les inventions liées au désir qui induisent les changements de l’homme, il
fait de l’évolution de l’espèce un effet de la culture et non de la nature.
Chaque tournant de la civilisation, comme la maitrise du feu ou la découverte de
l’agriculture et de l’élevage, ou encore les rites religieux ou les règles
matrimoniales ont eu un effet en terme d’évolution ; l’évolution de la
culture ouvre ainsi des portes et en ferme d’autres. De plus, ne l’oublions
pas, l’évolution de l’espèce humaine n’est pas terminée, elle se poursuit
encore sous nos yeux, sans que nous le sachions, comme des chaines de montagne
(l’Himalaya par exemple) continuent de se surélever centimètres après
centimètres.
Les choix de civilisations ne sont donc pas seulement des
désirs à faire triompher pour aujourd’hui ; ce sont aussi des engagements
qui impliquent l’espèce toute entière pour demain.
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