J'échangerais toute ma technologie pour un après-midi avec
Socrate
Steve
Jobs – Interview à Newsweek - 2001 (Lu ici)
Cette phrase, Steve Jobs l’a prononcée en 2001, année au
cours de la quelle il lance l'iPod, iTunes et la chaîne de magasins Apple Store. Il est encore en bonne
santé, en plein essor industriel et en pleine explosion créative. « Ceci est une révolution » avait-il
coutume de dire en présentant chacune de ses innovations à la tête d’Apple. Et
c’est cet homme qui affirme qu’un après midi avec Socrate serait plus désirable
que de conserver toute cette technologie.
Qu’est-ce à dire ?
Plantons le décor : Steve Jobs a abandonné ses
fonctions de CEO chez Apple. Il s’est habillé en berger il a acheté un troupeau
de brebis, et il attend Socrate au détour du chemin.
Steve
Jobs (alias François Fouquet), berger du Vercors (vu ici)
Le voici qui arrive. Il est accompagné de Polos
- Pourrais-tu, Socrate, t’arrêter un moment ici, près de
moi ? J’aurais à te poser une question.
- Les questions, mon bon, c’est moi qui les pose
habituellement. Mais je veux bien t’écouter, d’autant que je crois bien que cet
endroit pourrait m’inspirer, car je vois
des muses qui dansent là-bas près de la fontaine. Mais d’abord, dis-moi quel est
ton nom ?
- Je m’appelle Stevopoulos, et j’étais il y a peu un
puissant chef d’entreprise, tout ce que je faisais rapportait des millions de
dollars et les plus puissants financiers étaient à mes pieds. Je viens de
donner tout cela à mes compagnons et de partir sur les chemins du Vercors seul
avec mon bâton et mes brebis.
Polos l’interrompt :
- Voilà bien une folie, étranger ! Tu avais la
toute-puissance et tu y as renoncé ? Fallait-il que tu aies le cerveau
dérangé ! À moins que tu n’aies été endoctriné par ces philosophes qui
prétendent que le vrai bonheur est de renoncer à nos passions et que la vraie
justice consiste à faire non ce qui t’est avantageux, mais ce qui est bon pour
les plus faibles ?
- Personne ne m’a influencé, l’ami. Simplement je me suis
senti très seul et très désorienté dans ma vie lorsque, constatant que j’avais réussi
tout ce que j’avais entrepris, je me suis rendu compte que tout cela ne me
suffisait pas et qu’il me fallait un autre horizon.
Un silence se fait, puis Socrate, tiraillant sa barbe comme
il en avait l’habitude, prend la parole :
- Par Zeus, Stevopoulos, tu me rappelles un jeune homme
rencontré sur l’Acropole l’autre jour. Comme toi il me demandait s’il devait
rester chez son père à profiter de sa fortune ou bien s’il devait abandonner
ses parents et partir suivre Platon pour écouter ses cours à l'Académie. Quand je
lui ai demandé qu’est-ce qui, selon lui rendait la vie meilleure, il n’a pas su
quoi répondre. Et toi, l’ami, que répondrais-tu ?
- Pourquoi crois-tu, Socrate, que j’aie tout quitté pour
venir t’interroger si je savais répondre à cette question ? C’est à toi de me le dire.
- Une autre question avant : pourquoi crois-tu que
notre Nouveau-Stratège ait quitté la banque où il faisait fructifier son talent
pour venir prendre la tête de notre Cité ? Tu sais qu’il s’agit d’un jeune
et beau garçon et beaucoup d’hommes puissants tournaient autour de lui.
- Comme toi, Socrate !
- Tais-toi Polos !
– et toi, Stevopoulos, réponds à ma question.
- Je dois l’avouer, Socrate : Je l’ignore.
- Une autre question pour t’aider : qu’est-ce vaut
mieux que l’or ?
- Eh bien, je crois qu’en s’enrichissant on fait ce qui est
bon pour soi seul alors qu’en gouvernant la Cité on peut faire ce qui est bon
pour tous le citoyens.
- Tu as raison, mon bon et je vois que les Dieux
t’inspirent. Alors c’est le moment de réfléchir à ta question : est-ce
qu’en faisant fabriquer toutes ces technologies que tu inventes tu fais ce qui
est bon pour tes semblables, ou bien est-ce seulement un moyen de t’enrichir en
les vendant très cher ?
Qu’auriez-vous
répondu chers amis à cette question de Socrate ?
Si vous voulez savoir ce que Stevopoulos a répondu à Socrate, revenez ici demain.
Si vous voulez savoir ce que Stevopoulos a répondu à Socrate, revenez ici demain.
2 comments:
Seve : Les deux car en m'enrichissant, je fais également profiter les autres par ce qu'on appelle en économie libérale le ruissellement. Comme la glace accumulée en haut de la montagne ruisselle en fondant vers la vallée pour le bonheur de ses habitants, l'argent du riche retombe en produits, travail... sur le plus pauvre. Certes l'inégalité demeure mais elle profite à tous !
Socrate : ????
Socrate bougonne qu’il a déjà répondu, mais c’est par le post du 7 juin, et on est le 6… La vieillesse entraine parfois la désorientation dans le temps, qu’y pouvons-nous ?
Bref, je réponds à sa place : la question est de savoir si beaucoup d’argent est signe de beaucoup de valeur – comme parait le croire Stevopoulos – et que le tout c’est de s’enrichir.
La question de Platon n’est sûrement pas celle de l’inégalité sociale, mais celle de la valeur acquise par les activités prodiguées en société. « En quoi ce que tu fais te rendra meilleur ? » et non « En quoi ce que tu fais te rendra plus riche ? »
L’idée est qu’il n’y a pas de rapport entre les deux réponses, ce que Marx a expliqué en disant qu’il n’y a pas de rapport nécessaire entre la valeur d’usage et la valeur d’échange.
Le Marché l’a contredit sur bien des points, mais pas sur celui-là.
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