La passion reste en suspens dans le monde, prête à traverser
les gens qui veulent bien se laisser traverser par elle.
Marguerite
Duras – L'Amant
On considère souvent la passion (amoureuse par exemple) comme
étant quelque chose qui prend naissance en soi, qui s’embrase dans le cœur
(sic) ; bref : la passion est d’abord en soi-même avant de s’élancer
vers le monde.
Marguerite Duras par contre considère la passion comme une
force extérieure, un peu comme le vent ou le magnétisme terrestre, et non comme
une force intérieure à l’homme.
Du coup, nous voici passif devant la passion (ce qui
étymologiquement est exact) un peu comme ceux qui sont transpercés par les
flèches de Cupidon.
Vu
ici
Toutefois, illustrer la phrase de Marguerite Duras par la
flèche de Cupidon est un peu inexacte : car elle suppose quand même le
consentement du passionné, alors que la flèche de Cupidon nous surprend au
moment où nous ne nous y a attendons pas. Bref : le passionné a-t-il la
possibilité de consentir à sa passion ou de la refuser ? Rappelons-nous
Descartes : dans, sa prime jeunesse, devenu amoureux d’une jeune fille qui
était victime d’un strabisme, il fut par la suite attiré spécialement par les
filles qui louchaient. Mais, dit-il, « depuis
que j'y ai fait réflexion, et que j'ai reconnu que c'était un défaut, je n'en
ai plus été ému. » (cf. ici) : autrement dit il y a un moment où
l’on peut, grâce à un examen de la raison, se retenir de tomber amoureux. Le
« coup de foudre », s’il se produit, serait donc à retardement.
Dans ce cas, les victimes de Cupidon seraient en réalité
victimes de leur propre imprévoyance – ou de leur ambivalence :
« cette femme, je sais qu’elle va me faire souffrir, mais quand même… »
1 comment:
Cherchant l'auteur d'une phrase et déjà 23 clics ! C'est internet qui m'a frappé de sa flèche.
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