Quand
on n'a que de la vanité, toute femme est utile ; aucune n'est nécessaire ; le
succès flatteur est de conquérir, et non de conserver.
Stendhal – De l'Amour
Remplacez
la femme par ce que vous voudrez, ça ira aussi bien.
Quoique…
Si l’on prend au sérieux la formule de Stendhal, alors on voit tout de suite
qu’il pense au séducteur, quelqu’un comme Don Juan qui ne songe qu’à la
conquête de la femme et surtout pas à son asservissement dans un couple.
Du
coup, si la séduction implique bien de réduire la femme à n’être qu’un
instrument pour satisfaire sa vanité, on doit quand même dire que le séducteur
est un oiseleur d’un genre spécial, puisqu’il tend des pièges à ses futures
conquêtes, mais qu’il leur rend la volée juste après. Comme Johannes, le héros
de Kierkegaard qui prétend avoir fait le bonheur de sa victime Cordélia en la
préparant pour un futur mariage … après l’avoir déflorée ! (1)
Reste
que ce comportement devrait avoir un sens, car pourquoi tant d’efforts
d’imagination si ce n’est finalement pour rien conserver ?
Je tenterai deux interprétations :
Je tenterai deux interprétations :
-
D’abord il y a la fierté d’avoir pu conquérir une femme jugée désirable et
inaccessible et qui pourtant va accorder au séducteur ce qu’elle a refusé à
tous les autres. Gagner une femme telle que celle-ci, c’est relever un défi,
c’est comme parvenir au sommet de la montagne et se voir là, unique occupant de
ce lieu qu’on va pourtant quitter, l’escalade étant le but véritable de l’entreprise.
- En
suite, il y a dans la société une place particulièrement enviable pour certains
séducteurs : il s’agit des play-boys, auréolés de pouvoirs supposés
extraordinaires qui leur permettent de butiner à droite et à gauche avec
désinvolture, de voleter là où les autres se trainent misérablement. Oui, le
séducteur est un être brillant qui attire les regards et fait envie : du
moins il nous parait tel dans notre société, alors que les siècles passés
faisaient du séducteur un être démoniaque au quel l’enfer était promis :
rappelons la fin du Dom Juan de Molière (et aussi de Mozart). Peut-être notre
admiration pour les séducteurs est-elle un signe de l’évolution morale et
religieuse de notre siècle ?
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(1) Soeren Kierkegaard – Le journal du séducteur
(1) Soeren Kierkegaard – Le journal du séducteur
1 comment:
Mozart nous a quand même laissé un héritage aussi génial qu'emportant...
Peut-être est-ce cela le "message" du séducteur "invétéré" et de l'évolution morale et religieuse de notre temps :
Liberté = Joie et plaisir de vivre !!!
Cordialement
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