« Vous n’y comprenez rien et vous ne comprenez pas que c’est votre avantage qu’un seul homme meure pour que la nation ne périsse pas toute entière . »
Evangile selon Jean – 26, 49-50
Le choix du Caïphe, ça vous dit quelque chose ? Non ? Vraiment rien ? Bande de mécréants, alors c’est moi qui doit vous l’expliquer ? On aura tout vu…
Voilà. Jésus fait beaucoup d’adeptes et certains juifs vont trouver les grands prêtres pour leur raconter ce qu’il a fait. Ceux-ci se réunissent en Conseil, et s’inquiètent : si les Romains croient qu’il menace leur autorité, ils risquent de détruire le Temple et même le peuple juif tout entier. C’est alors que le Grand Prêtre, nommé le Caïphe, se lève et déclare qu’il faut sacrifier Jésus en le dénonçant au Romains, pour le bien du peuple. Voir citation.
N’allez pas imaginer que je vous prépare à faire vos Pâques ! Il s’agit en fait d’un dilemme moral : peut-on, en calculant le plus grand bien réalisable, sacrifier un innocent, ou bien la vie d’un seul innocent est-elle sacrée quoiqu’il en coûte en perte d’autres vies innocentes ?
- Si vous faites le premier choix, vous êtes conséquentialiste : vous pensez qu’il faut accroître le bien et diminuer le mal globalement dans le monde ; et donc, dans certains cas il est possible de transgresser l’interdit moral (dénoncer un innocent), dans l’espoir d’en tirer profit pour un plus grand bien pour tous. Je respecte l’interdit « Tu ne tueras point » ; mais je le ferais si je sauve ainsi la vie de nombreux innocents.
- Si vous faites le second choix, vous êtes déontologiste : le devoir de respecter les valeurs est inconditionnel, et il est même inconcevable de faire un calcul rationnel là où la puissance de la valeur s’impose par le respect qu'elle inspire à notre conscience. « Il faut parce qu’il faut » disait Kant. Et donc je refuserai de dénoncer un innocent, même s’il en coûte un massacre des innocents. Car je resterai innocent moi-même.
Vous trouvez très ennuyeux de faire un tel choix ? C’est parce que vous n’êtes pas habitué : la vie morale, ça n’a rien à voir avec la gestion des conflits !
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