Le temps s'en va, le temps s'en va Madame
Las ! le temps non, mais nous nous en allons,
Las ! le temps non, mais nous nous en allons,
Pierre de Ronsard
- Tu vois comme c’est simple : Ronsard a tout dit. Dans le temps, nous vivons, nous vieillissons et puis nous mourons. Ce ne sont pas les choses qui s’abîment, ni les autres qui changent, mais c’est nous.
- Holà ! Tu nous fait déprimer avec ton Ronsard et son histoire débile. Ronsard qui c’est d’abord ? Tout ce qu’il dit, c’est des bêtises. Et puis il y a rien à y comprendre.
- Mais si. Tu vois, c’est comme le train quand il est arrêté à côté d’un autre. Lorsque tu repars, tu crois que c’est l’autre qui s’en va et que c’est toi qui restes. Tu vois les autres vieillir, alors que c’est toi qui vieillis. C’est pareil.
- Qu’est-ce qu’il faut faire alors ?
- Eh bien, pour Ronsard, le vieillissement c’est l’expérience de l’irréversibilité. Il dit à son amie « Cueillez, cueillez vostre jeunesse » avant que la vieillesse l'ait tarie, et que seul le regret ne lui survive. Il lui fait même dire : « Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle »…
- «Ronsard me célébrait »… Ouais, alors là c’est trop nul ! tout ce qu’il veut, ton Ronsard, c’est tringler un bon coup sa gonzesse, voilà tout.
- Mais non, tu n’y es pas. La preuve, lorsqu’il écrit un poème à sa « ribaude » (1) il se plaint justement de son ardeur inextinguible :
Et lui voulant vaincre le cul,
Moi-même je me suis vaincu.
- Ah bon ? Peut-être que je vais préférer les poètes aux philosophes alors !
(1) Ça s’appelle « Tu te moques, jeune ribaude », et c’est une Ode
No comments:
Post a Comment