Wednesday, April 19, 2006

Citation du 20 avril 2006

Plus l'homme cultive les arts, moins il bande.
Il se fait un divorce de plus en plus sensible entre l'esprit et la brute.
La brute seule bande bien, et la fouterie est le lyrisme du peuple.
Charles BAUDELAIRE - Mon coeur mis à nu
Baudelaire, mon poète adoré, capable de transfigurer la boue en or par le miracle de sa puissance poétique… et qui le prouve ici.
Amis intellos, camarades philosophes, juristes, sociologues et autres science-de-l’hommistes, vous qui, bardés de diplômes fiévreusement accumulés, passez vos loisirs dans les bibliothèques, ou dans les librairies universitaire : ce message est pour vous, et il est signé Charles Baudelaire.
Que dire qui ne soit l’évidence même ?
La brute seule bande bien. L’instinct de la bête, le rut animal, ne se fait évidemment que dans la concentration de toute l’énergie vitale sur la proie sexuelle.
Plus l'homme cultive les arts, moins il bande. Egalement connue, et sans doute plus proche de la pensée de Baudelaire, la théorie freudienne de la sublimation : reconversion de l’énergie sexuelle en travail (artistique en particulier), mais avec cette différence que la jouissance qui est au rendez-vous est désexualisée, malheureusement !
La fouterie est le lyrisme du peuple. Ce qui signifie que l’homme qui cultive l’art n’aurait pas besoin de la fouterie pour jouir. Mais on peut également dire que le peuple n’a pas besoin de poésie pour accéder au lyrisme : une franche copulation lui suffit. Si l’on continue dans cette voie, alors on arrive à l’équivalence art-fouterie : au nom de quoi, je vous le demande, devrais-je préférer être un artiste plutôt qu’une brute ? Et si mon lyrisme à moi, homme du peuple, spasmodique et orgasmique, valait mieux que vos extases cérébrales (que d’aucuns appellent « masturbation intellectuelles » ) ? Si le poète fait la grandeur d’une nation, le « fouteur » fait celle de l’humanité : seriez-vous entrain de me lire si vos aïeux n’avaient préféré faire des galipettes dans la meule de foin plutôt que de se pâmer avec Mademoiselle de Scudéry !

Mais je m’égare…Que vaudrait cette idée si elle n’était soutenue par la cadence envoûtante de la phrase baudelairienne ?

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