« L'endroit le plus érotique d'un corps n'est-il pas là où le vêtement bâille ?... Celui de la peau qui scintille entre deux pièces ( le pantalon et le tricot), entre deux bords ( la chemise entrouverte, le gant et la manche) ; c'est ce scintillement même qui séduit, ou encore : la mise en scène d'une apparition-disparition. »
Roland BARTHES – Le plaisir du texte
Les Geishas sont enveloppées dans un incroyable paquet de vêtements. Elles ne montrent que leur nuque ; leur rituel de séduction arrive à une étape ultime lorsqu’elles laissent apercevoir un petit bout de la paume de leur main, entre le gant et la manche, précisément là où on met le parfum. Je ne doute pas que Roland Barthes dont on sait l’admiration pour le Japon (L'empire des signes), ne se soit inspiré de ces rites.
En tout cas, nous voici armés pour affronter la célèbre polémique : « comment distinguer entre l’érotisme et la pornographie ». Des réponses insipides du genre « la pornographie, c’est l’érotisme des autres » sont ainsi renvoyées aux oubliettes. L’érotisme est l’accélérateur du désir et non sa décharge ; il n’est pas non plus dans la suggestion de la transparence, ni dans la réduction du textile (du bikini à la mini-jupe) ; il est dans l’oscillation (le scintillement dit Barthes) entre le montrer et le cacher, l’apparaître et le disparaître. Ici, il ne s’agit pas d’apprivoiser l’angoisse de la disparition (comme dans le jeu du for-da découvert par Freud), mais de stimuler l’excitation dans la concentration du désir au point où son objet se montre dans son éphémérité.
Il y a quelques années, des vieux rabat-joie se sont offusquées parce que des gamines montraient leur nombril ! Entre le pull et le jean, un petite bande de peau, juste de quoi laisser voir l’ombilic (des rêves comme aurait dit Artaud - un peu de culture histoire de ne pas nous endormir). Pas de quoi fouetter un chat. Mais pas de quoi non plus s’extasier sur le raffinement : car ce qui manque ici, c’est bien le « scintillement ». Ça ne vibre pas.
Et le string des gamines de CM1 : ça vibre ?
1 comment:
dans le noir de l'étude le scintillement , le plaisir du texte à quelle joie que de lire les citation de mon cher Roland barthes
et freud et son for da vraiment je suis gâtée , belle journée cher jean pierre
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