« Si ma tante en avait on l'appellerait mon oncle, et si mon oncle en était on l'appellerait ma tante. »
Pierre Dac - Les pensées
(Vous avez remarqué, n’est-ce pas ? Il n’y a pas que Blaise Pascal qui pense, il y aussi Pierre Dac.)
Challenge du jour : que peut-on dire d’intelligent là dessus ?
1ère possibilité : le chiasme ! Figure rhétorique qui consiste à répéter une séquence de deux termes (ici : « tante »-« oncle », faut-il le dire ?) en les inversant (A-B/B-A). Elégant, n’est-ce pas ?
2ème possibilité : la puissance du sous-entendu. Imaginez un seul instant que l’Auteur nous dise en toute objectivité ce qui manque à sa tante ; et qu’il en fasse autant pour expliquer de quel groupe ferait partie son oncle. Ridicule, n’est-ce pas ?
3ème possibilité : le jeu sur la répétition et sur la polysémie. Car, c’est bien le même oncle qui apparaît dans les deux occurrences du mot ; en revanche ce n’est pas avec le même sens que le mot « tante » revient deux fois. Subtile, n’est-ce pas ?
4ème possibilité (ma préférée) : mise en évidence du rôle des limites du concept. Application :
- si ma tante avait ce qui lui manque elle ne répondrait plus au concept de tante, mais à celui d’oncle. Elle franchirait ainsi la frontière qui sépare le concept-masculin du concept-fémin. Bref, l’Auteur fait allusion à ce qu’on appelle la différence spécifique.
- si mon oncle changeait d’environnement, tout en restant mon oncle, il porterait un autre nom : « une tante ». La frontière est ici sociologique, la limite du concept est donc celle du statut social.
Allez, à vous de jouer : commentez la citation suivante :
« O Marie ! Vous qui avez conçu sans pécher, faites moi la grâce de pécher sans concevoir. » Jean-Louis-Auguste COMMERSON - Pensées d'un Emballeur
Et ne venez pas me dire que c’est celle-là que j’aurais dû commenter, sinon je vous raye de la liste de mes lecteurs.
No comments:
Post a Comment