Jean-Louis Fournier (dans l’ouvrage du même titre)
S’il faut apprendre la politesse aux « p’tits cons », c’est :
Primo, parce qu’elle n’est pas naturelle, mais qu’elle relève des coutumes ;
Secundo, parce qu’elle implique un écart entre les générations : les « anciens » sont sensés être l’objet de la déférences des plus jeunes ;
Tertio, parce que, sans la politesse, ceux-ci ne sont que des « p’tits cons ». Qu’est-ce à dire ?
La politesse est l’objet d’analyses très contrastées : pour les uns elle est une pure hypocrisie : pour être supportables les uns aux autres, il faut masquer nos vrais sentiments à leur égard, (mais sans aller jusqu’à la flatterie qui risquerait de n’être qu’une manœuvre intéressée). Il y aurait alors une « vertueuse » impolitesse, par exemple Alceste, le Misanthrope de Molière, qui refuse de masquer la déception que lui cause le genre humain par exigence de sincérité.
Pour d’autres, la politesse est le seul moyen de supporter nos semblables : c’est une vertu sociale. Exemple : la Fable des hérissons de Schopenhauer. Une bande de hérissons grelotte de froid dans l’hiver ; ils voudraient bien se réchauffer les uns auprès des autres, mais leurs piquants rendent cette solution impossible. Ils sont donc obligés de se rapprocher autant que faire se peut, pour se tenir chaud, tout en se tenant écartés suffisamment pour éviter leurs piqûres. La politesse est l’art de la distance.
Pour d’autres encore, la politesse est d’abord un exercice de contrôle de soi qui, au-delà des marques de respect pour autrui, est un effort pour limiter les passions que suscitent en nous nos semblables. Il ne s’agit pas simplement de rendre la vie sociale supportable, mais aussi de dominer nos sentiments pour écouter notre raison et voir la réalité. Exemple : le flegme britannique qui est souvent associé à la politesse des « gentlemen ».
N’allons pas plus loin (pour aujourd’hui) : ce que les « p’tits cons » apprendront avec la politesse, c’est à se rendre supportables aux autres. Et c’est un senior qui vous le dit.
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