Nos vies valent plus que leurs profits.
Olivier Besancenot – Slogan de campagne
Alors, vous aussi, vous êtes séduit par le lyrisme humaniste de ce slogan ? En tout cas, moi, si j’avais 16 ans, je voterais Besancenot (si j’étais lui, j’exigerais même que le droit de vote soit abaissé à 16 ans).
Parce que, c’est vrai, une telle formule paraît tellement incontestable qu’on se demande ce qu’on pourrait demander d’autre. Pétrie de justice et d’humanité, elle se dresse face à la bête immonde qu’est le capitalisme… Bref, c’est le moment de citer la Mère Denis (oui, je sais qu’on s’en rappelle encore) : « Ch'est ben vrai cha »
Toutefois, on ne fait pas de la politique avec des slogans, mais avec des idées, soutenues par des arguments : si cette formule est bonne et vraie, c’est qu’elle résiste à la critique. Essayons celle des libéraux par exemple. Faut-il supprimer les (super)profits ? Le B.A.-BA du libéralisme consiste à dire que si on veut que la part de gâteau soit plus grosse, il ne faut pas modifier la découpe, il suffit de rendre le gâteau plus gros. Sommairement on dira que l’enrichissement de quelques uns retombe en prospérité sur tous. C’est ainsi qu’on a justifié, dès le 18ème siècle le luxe (voir message du 15 janvier 2007). C’est également ainsi qu’on justifie aujourd’hui les inégalités sociales, dans la mesure où l’exigence de bien être et de sécurité resterait compatible avec elles (voir aussi message du 18 mars 2007 sur la Fable des abeilles).
Mais ça va plus loin que ça. Les libéraux ne pensent pas seulement que les profits de quelques uns sont compatibles avec la prospérités de tous ; ils estiment aussi qu’ils sont la condition de la prospérité. Voyez ce qu’on dit de la mondialisation : elle nous est globalement profitable, et si on perd des parts de marchés ici, nous en regagnons là (voyez l’engouement pour le marché chinois).
Le seul problème est dans le contrôle de tout ça : parce que dans nombre de pays la corruption et le détournement des fonds publics laissent le peuple dans la plus noire misère. Rawls (1) propose la loi du maximin : les inégalités sont tolérables à condition qu’elles soient profitables aussi aux plus pauvres. Ce qui suppose donc bien qu’on ne compte pas sur la vertu des hommes pour régler les problèmes de la vie politique ; mais qu’il faut un pouvoir incorruptible pour les gouverner avec leurs vices
Finalement le problème n’est pas de savoir si les hommes sont comme l’âne qui n’avance qu’avec la carotte et le bâton. Il est de savoir qui propose la carotte et qui manie le bâton.
(1) John Rawls - Théorie de la justice - Coll. Points-Essais
1 comment:
dur constat qui suit l'humanité que faire que dire!!! l'histoire nous le raconte sans cesse c'est même dans la bible!!!!!
Post a Comment