Saturday, March 17, 2007

Citation du 18 mars 2007

Ce qui n'est point utile à l'essaim, n'est point utile à l'abeille.
Montesquieu
Est-ce que c’est la ruche qui vit pour l’abeille ou l’abeille qui vit pour la ruche ? Faut-il penser aux autres - à tous les autres - avant de penser à soi-même ?
Mandeville (1) pense que c’est l’individu, poursuivant ses intérêts propres, qui fait la prospérité de la société. Dans la Fable des abeilles (2) il imagine la société sous la forme d’une ruche, dont les abeilles, vicieuse et corrompues assurent pourtant, par leur activité destinée à satisfaire leurs vices, la richesse de la ruche. Lorsque Jupiter, outré par tant de débauche, les transforme en abeilles vertueuses, alors l’essaim périclite. Vices privés, bien publiqueprivate vices, publick benefits »), tel est le sous-titre de cette fable dont la publication en 1714 a fait un énorme scandale, et dont Montesquieu se rappelle peut-être dans cette citation (3).
La question du rapport entre les intérêts individuels et la politique a été réactivée avec la démocratie participative de la candidate socialiste. La démocratie participative consiste à demander aux « vrais gens » de décrire leurs « vrais problèmes ».
Ecoutons-les.
- Moi, je ne trouve pas de crèche pour mon bébé, et je dois reprendre mon travail dans 1 mois. Faites plus de crèches SVP.
- Merci Maya, ce que vous me dites est très important. Si je suis élue présidente, je ferai une grande loi sur la famille, intégrant le doublement du nombre de places dans les crèches et un vrai salaire maternel pour les femmes qui choisiront de se consacrer à leur enfant.
- Attention à ne par oublier les seniors ! Bientôt, les retraites ne suivront plus la hausse du coût de la vie ; si on ne peut pas tout financer, il faut être au moins être juste avec les anciens sans qui les nouveaux n’existeraient pas !
- Doucement ! On ne va pas déclencher un conflit dans la ruche : il faut que chacun y trouve son compte. Ce sont des réformes gagnant-gagnant que je veux. Plus de vieux riches, ça veut dire plus de consommateurs donc plus de producteurs et plus de travail. Plus d’enfant ça veut dire l’espoir d’avoir plus tard plus de cotisants pour les caisses de retraites.
Voilà : quant à moi, je ne cherche pas ici à savoir si c’est sérieux ou bien si c’est un discours pour endormir les électeurs. Ce que je dis, c’est qu’aujourd’hui, contrairement à ce qu’avait cru Rousseau, ce n’est pas la considération du bien public qui motive le citoyen, mais la revendication de la satisfaction de ses désirs égoïstes : Mandeville avait vu juste. Ce n’est pas avec des promesses vertueuses sur le bien public qu’on va faire marcher la société. Car ce qui compte, c’est qu’on est près à faire n’importe quoi pour avoir une jouissance, et c’est là qu’on nous attend pour nous faire contribuer au bien être des autres : taxes ! Sur le tabac, sur l’alcool, sur les jeux…
… et s’il n’y en a pas sur la fornication, c’est qu’on n’a pas su comment faire.
(1) Sur Mandeville, voir c eci
(2) A lire ici la traduction française
(3) Toutefois, il suit ici le chemin inverse : il va de l’essaim à l’abeille et non pas de l’abeille à l’essaim.

No comments: