Ce qui constitue une nation, ce n'est pas de parler la même langue, ou d'appartenir à un groupe ethnographique commun, c'est d'avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l'avenir.
Ernest Renan - Qu'est-ce qu'une nation ?
14 juillet, fête nationale, fête de la Nation… A l’heure de la mondialisation vous vous demandez peut-être à quoi ça rime de célébrer ainsi une nation, alors que de plus en plus de décisions ne dépendent plus que de Bruxelles…
La fête nationale n’est-elle pas une ringardise de plus, tout juste bonne pour les gros beaufs qui plantent un drapeau tricolore à leur fenêtre et qui saluent le défilé militaire en agitant leur canette de Kro ?
Le discours de Renan (à lire ici) répond de façon éclairante (même pour nous en 2007).
D’abord, la Nation c’est un peuple sur un territoire. Ce qui unifie ce peuple, ce peut-être l’appartenance à ce territoire, ou l’appartenance de ce territoire à ce peuple (voir les autochtones de Platon). Mais la vérité est que seule l’identification à une histoire commune (ou à des mythes communs) crée cette communauté. Exemple : la prise de la Bastille, évènement historique lié à la volonté du peuple de Paris de s’emparer des armes de l’arsenal de la forteresse, réinterprété mythiquement comme une lutte contre l’arbitraire des emprisonnements sur lettre de cachet (1).
C’est donc sur de telles interprétations de l’histoire que nous construisons notre conscience collective.
Mais Renan voit plus loin : « Ce qui constitue une nation ... c'est … de vouloir en faire encore (=de grandes choses) dans l'avenir ». Autrement dit, l’histoire n’est qu’une trajectoire qu’il nous appartient de prolonger vers l’avenir. Ce qui revient à dire que le passé même mythique ne constitue qu’une base sur la quelle doivent s’élever les projets de l’avenir.
Si la fête nationale a encore un sens, c’est simplement dans la mesure où nous avons, en tant que pays, un avenir autonome et homogène avec nos valeurs.
Tout ça c’est bien exigeant… C’est quant même plus simple de se souder contre un ennemi commun : la perfide Albion, le Boche, le Bolchevique…
Sauf que aujourd’hui, l’ennemi, ça manque (2) ; va-t-il falloir revenir aux valeurs communes ? Attendez un peu… et les Chinois, ils ne feraient pas l’affaire par hasard ?
(1) Le marquis de Sade faillit bien être de la fête, lui qui fut transféré de la Bastille à Charenton le 2 juillet 1789
(2) Pour mémoire, les troupes de 26 nations européennes défilent aujourd'hui, 14 juillet, sur les Champs-Elysées.
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