Saturday, July 28, 2007

Citation du 29 juillet 2007

La liberté et la fraternité sont des mots, tandis que l'égalité est une chose.
Henri Barbusse
- Voyez l’injustice : qu’un élève écrive ça dans sa dissert de philo, et je lui mets un gros point d’interrogation en rouge dans la marge. Quand c’est Barbusse qui écrit : «l'égalité est une chose », je comprends tout de suite qu’il veut dire : « l’égalité est un rapport entre les choses » …
Barbusse nous dit donc que la liberté est un simple mot, la fraternité aussi - supposons que ce soit parce que chacun en a une définition particulière. Mais l’égalité, c’est clair et net : c’est - par exemple - autant d’argent dans mon porte monnaie que dans celui de mon voisin, et du voisin de mon voisin. Façon de dire que la devise de la République Française devrait être réexaminée et retaillée pour que l’essentiel soit préservé : d’abord l’égalité, ensuite le reste.
- Mais au fond, peut-être que c’est là un mauvais procès : l’égalité débouche sur la liberté, dans la mesure où dans une démocratie, personne n’étant au-dessus des lois, la liberté est préservée.
- Soit : mais il s’agit alors de l’égalité de droit. Mais ce dont parle Barbusse, c’est l’égalité de fait. Et ce qu’il faut dire alors, c’est que l’égalité n’est en soi ni un bien, ni un mal : puisque ce n’est qu’un rapport, sa valeur dépend des termes entre les quels il y a rapport.
Exemple : nous sommes tous égaux devant la mort, c’est la seule certitude que nous ayons. N’y aurait-il pas quelqu’un pour dire «Crevez si vous voulez ; moi, j’aimerais mieux être immortel » ?
Ou bien : le nivellement social peut s’opérer par le bas, comme dans le bidonville de Calcutta où le seuil de la pauvreté passe largement au dessus des revenus de la majorité de la population. Allons nous écrire sur nos drapeaux : « Egalité dans la misère ! ».
Mais foin de tout cela… Nous vivons à l’époque du libéralisme triomphant, où l’égalité (économique) est justement synonyme de misère. Ne demandez pas l’égalité, demandez la prospérité… des riches, en espérant que les miettes de leur fortune retombera en pluie d’or sur tous les pauvres.
Alors, Notre Président, tant qu’à faire de rompre avec le passé, devrait mettre au concours une refonte de la devise de la République Française (5 ou 6, ou 5bis, peut importe). J’attends vos propositions.
- « Enrichissez-vous » : ça vous irait ?

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