Monday, July 16, 2007

Citation du 17 juillet 2007

Les maisons de notre rue, voyez-vous, elles sont comme les gens. Vous voyez la façade, vous ne pouvez pas deviner ce qu’il y a derrière.

Anonyme

Voilà un « Anonyme » dont je peux vous révéler l’identité : c’est mon voisin. Mon voisin est maçon, : les maisons ça le connaît. Mais il est aussi philosophe à ses heures : ce qu’il présente comme une évidence, c’est qu’il y a un secret de la nature humaine. Ce sont des secrets qu’on ne révèle pas, qui ne doivent pas l’être, ou qui ne peuvent pas l’être.

On voit qu’il y a bien des façons de considérer l’inaccessibilité du secret. La quelle choisir ?

Puisque nous avons commencé avec une métaphore, continuons.

Lorsque vous cherchez un restaurant, vous consultez le menu affiché sur la vitrine : votre imagination, votre mémoire se mettent en route. Vous entrez. C’est alors que vous rencontrez la réalité : les plats décrits dans le menu deviennent aliments dans votre assiette. Bon ou mauvais, ce n’est pas notre sujet. Mais il y a encore un lieu que vous n’explorerez pas, sauf exception, c’est la cuisine, arrière boutique sans la quelle rien de ce que vous avez mangé n’aurait existé, mais dont on dit qu’il vaut parfois mieux éviter de la découvrir.

Bien sûr ça fait une heure que vous m’avez entendu venir avec mes gros sabots : la nature profonde de notre être est cause de ce que nous sommes, mais nous ne la connaissons pas, et il ne faut surtout pas chercher à la connaître. D’accord ?

Ici, plutôt qu’à mon voisin, c’est à Nietzsche que je penserai - Nietzsche n’est pas maçon : il est l’homme qui « philosophe à coups de marteau » (1). Ce qui est secret en nous, c’est tout ce qui nous dégoûte, ce qui relève du malsain, du mal propre, du mal. Mais ce que nous ne voulons pas admettre c’est que, précisément, c’est cela qui est l’origine de ce que nous sommes et dont nous sommes si fiers. Ce qui ne veut pas dire que tout est bon ; mais que le bon et le mauvais doivent être réévalués, en tenant compte du principe suivant : il n’y a pas de rapport nécessaire entre la nature de la cause et celle de l’effet.

S’il y a des maladies honteuses, ce n’est pas le secret qui est honteux, c’est la maladie qu’il cache. Si la maladie est honteuse, c’est parce qu’elle est morbidité (2). Seule la vie est bonne.

Ce qui ne doit pas rester secret, c’est alors tout ce qui stimule la vie. Tous les excitants de la vie.

Je n’en dirai pas plus.

(1) Cette métaphore constitue le sous-titre du Crépuscule des idoles : ou comment philosopher à coups de marteau. C’est d’ailleurs non pas le marteau du forgeron, mais plutôt celui du médecin qui ausculte les réflexes : c’est l’instrument d’un diagnostique. Voir la suite

(2) Bien sûr, ce n'est pas la morbidité qui est honteuse, c'est la valorisation de la morbidité: voir l'idéal ascétique.

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