Tuesday, July 31, 2007

Citation du 31 juillet 2007

Je veux en finir avec la repentance qui est une forme de haine de soi et la concurrence des mémoires qui nourrit la haine des autres. (1)

Nicolas Sarkozy - entretien avec El Watan - 10 juillet 2007

Repentance : manifestation publique du sentiment de repentir pour une faute. C’est un concept religieux, illustré dans l’histoire récente par Jean-Paul. II, faisant acte de repentance pour les fautes commises par l’Eglise envers les Juifs.

Au sens stricte, la repentance est en effet religieuse, là où sont codifiés des actes précis de contrition, visant à la réconciliation avec Dieu. On relie la repentance à son origine biblique par l’intermédiaire du terme grec qu’il traduit : <metanoia> qui signifie une mutation de la pensée, ou plutôt à son retour en arrière. Faire acte de repentance, c’est revenir sur ses fautes (ou péchés) pour modifier sa conscience ("change of mind and heart" dit Wikipedia).

Bref, si on récapitule, la repentance suppose que ce soit l’auteur de la faute qui se repent ; et qu’il soit possible de faire « marche arrière ».

1 - On voit qu’en matière de repentance publique - entendez collective pour un pays entier - celle-ci doit être l’œuvre de ceux-là mêmes qui ont commis la faute. La repentance pose donc un problème plus historique que moral : par exemple, la République française ne peut faire repentance de la rafle du Vel d’hiv qu’à condition d’être solidaire de l’Etat français. Il faut une institution permanente à travers les siècles comme l’Eglise pour demander pardon aux Juifs des misères qu’elle leur a occasionné depuis le moyen-age.

2 - En suite, la repentance est clairement un concept religieux et non moral : en effet le pardon suppose la réversibilité de la faute, qui elle même suppose un Dieu capable de pardonner. Dans les exemples cités, la faute, quand elle appartient au passé, est irrécupérable, parce qu’il n’y a plus personne pour pardonner.

3 - En matière de politique, le pardon n’a guère de sens ; seule la réparation matérielle peut avoir un sens. Allons nous indemniser les victimes de l’esclavage ? Autant dire qu’on ne parle plus du tout de la même chose…

(1) Je laisse de côté la « concurrence des mémoires » : un gros problème, ça me suffit.

Une question au passage : c’est qui la plume de Sarkozy ? Glucksmann ??

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