Sunday, July 08, 2007

Citation du 8 juillet 2007

"La vie donc oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui ; ce sont là les deux éléments dont elle est faite, en somme. De là ce fait bien significatif par son étrangeté même : les hommes ayant placé toutes les douleurs, toutes les souffrances dans l'enfer, pour remplir le ciel n'ont plus trouvé que l'ennui".

Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, 1819


Entre la souffrance et l’ennui, nous oscillons ; nous n’échappons à l’un que pour nous réfugier dans l’autre : le pessimisme de Schopenhauer est là.

Le paradis est-il plus désirable que l’enfer ? Oui, peut-être. Toutefois, on imagine habituellement un Paradis plus désirable encore. Mais celui qui pourrait exister est proportionné aux capacités de l’homme, et comme celui-ci n’a pas le pouvoir de jouir sans mélange et indéfiniment, le Paradis imaginé comme félicité éternelle n’est pas réellement possible.

Entre la souffrance et l’ennui, y a-t-il une troisième voie,?

Les Stoïciens imaginaient le sage comme celui qui ne souffre pas : il est impassible. L’apathie est sa vertu. Mais que fait-il de plus ? Agit-il ? Discute-t-il avec ses disciples ? Ecrit-il des traités de sagesse ? Peut-être, mais peut-être pas : Lao-Tseu, qui n’était certes pas un stoïcien mais qui incarne tout de même la sagesse disait : « Enseigner sans la parole, entreprendre sans agir / Voilà la vertu. » (Tao Tö King). Bref le sage médite et voilà tout.

La méditation nous met-elle au moins à l’abri de l’ennui ? N’est-elle pas une anesthésie de la conscience, quelque chose qui nous livre aux rêveries éveillées, qui relèvent des mécanismes inférieurs de l’esprit ? Lisons Descartes : il a écrit les Méditations métaphysiques, donc il sait ce que c’est que méditer. Or ce que nous y trouvons, c’est un dialogue, en style indirecte peut-être, mais un dialogue tout de même. Platon disait que la pensée était un dialogue de l’âme avec elle-même. Donc, méditer, c’est penser. Et penser c’est agir.

Que dirait de ça Schopenhauer? Qu’agir, c’est déjà souffrir, par l’effort à fournir, par l’inquiétude du résultat ? Peut-être, mais si l’action est création (l’œuvre et non le travail laborieux), alors elle est jouissance.

Reste que Valéry imaginait Socrate s’ennuyant au Paradis (cf. Post du 18 juillet 2006). Sans doute parce que sa pensée était sans enjeu.



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Pendant quelques jours - pour raison de vacances - La citation du jour assurera un service minimum ; il n’y aura donc pas jusqu’au 14 juillet inclus de commentaires aux commentaires.



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