Tuesday, July 24, 2007

Citation du 25 juillet 2007

Sont désormais prohibés, dans les établissements d'enseignement public, «les signes ou tenues qui manifestent ostensiblement l'appartenance religieuse des élèves.»

Loi Ferry sur les signes religieux, adoptée le 15 mars 2004

Loin de moi l’intention de rallumer une controverse qui a d’ailleurs fait long feu, peut-être moins par la force de la loi que par le manque de combativité des intéressé(e)s.

Non, ce Post a pour objet la notion de signe, telle que révélée par la formule « signe ostensible ».

Tout le monde en a discuté, proposant de la remplacer par « ostentatoire », « visible », ou autre encore. Pas un seul n’a demandé au philosophe ce qu’il en pensait (1).

Si cela avait été le cas, le philosophe aurait peut-être pris la voix de Socrate pour demander : « Dis-moi mon bon, ce que tu appelles « signe ostensible », est-ce que ce ne serait pas un signe qui se reconnaît de loin, comme une grande croix, alors qu’une petite serait « discrète » ? Et si c’est le cas, est-ce que par hasard tu ne voudrais pas dire que le signe est ostensible quand il fait signe par lui-même sans que personne ne vienne te dire que c’en est un ? »

Et là, plein de suffisance, vous allez répondre : « Bien sûr Socrate, tout le monde la sait : la loi du 15 mars 2004 le dit : « le législateur a précisé la notion d’«ostensible» : elle concerne «les signes et tenues dont le port conduit à se faire reconnaître immédiatement par son appartenance religieuse», comme «le voile islamique», «la kippa» ou «une croix de dimension manifestement excessive». Les signes «discrets» ne sont pas interdits ». (lire)

Mais en réalité vous êtes tombé dans le piège, parce que ce démon de Socrate n’attendait que ça : « Mais par Zeus, ne voudrais-tu pas dire alors qu’il existe des signes qui n’ont pas besoin d’être institués, ni appris, pour signifier quelque chose ? Est-ce que le voile religieux est comme la pâleur du visage quand tu es en colère ? Et dis-moi encore, ta grand-mère, quand elle faisait le ménage, elle ne mettait pas un foulard sur ses cheveux pour les protéger de la poussière ? »

Alors, vous vous mettez en colère contre Socrate qui fait semblant d’ignorer la différence entre le signe et l’objet réel, pris dans sa relation utilitaire avec le reste de la réalité. Mais vous avez perdu d’avance, parce qu’au fond vous le savez déjà, Socrate a raison : ce qui est ostensible, c’est qui s’impose dans l’épaisseur massive de l’être, et que ça c’est l’objet qui le possède, pas le symbole.

(1) Mille excuses : j’oubliais que l’auteur de la loi était justement un philosophe… Comme quoi ça ne sautait pas aux yeux.

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