Saturday, September 26, 2009

Citation du 27 septembre 2009

Ne vous étonnez pas que les autres animaux aient à leur disposition tout ce qui est indispensable à la vie du corps, non seulement la nourriture et la boisson, mais le gîte, et qu'ils n'aient pas besoin de chaussures, de tapis, d'habits, tandis que nous, nous en avons besoin. Car il eût été nuisible de créer de pareils besoins chez des êtres qui n'ont pas leur fin en eux-mêmes, mais sont nés pour servir.

Épictète – Entretiens I xvi (De la providence)

Cette citation nous offre une vision très particulière de la providence : alors que dans la Bible, Dieu pourvoit aux besoins de tous les êtres vivants (1), ici il distribue ce sont les besoins qu’il répartit en fonction des capacités (2). Ce qui est une façon assez profane de voir la providence, puisque, selon la Bible, Dieu a un plan global de la Création, la Providence étant la machinerie qui en assure le bon fonctionnement.

Ajoutons que cette citation prend tout son sens dans une société esclavagiste, puisque c’est une définition de l’esclave qui nous est donnée sous couvert d’un examen du cas de l’animal. Car l’esclave comme l’animal (mais est-il autre chose ?) est un être qui n’a pas sa fin (=son but) en lui-même ; il n’existe que pour servir son maître et on peut supposer que quand il en sera incapable on le mettra à mort, comme on envoie la vache tarie à l’équarisseur.

Deux observations, pour prolonger un peu notre lecture :

1ère observation : sachons mesurer nos besoins à l’aune de nos capacités. Inutile de rêver d’une Ferrari rouge si vous êtes smicard.

2ème observation : être libre, c’est disposer de ses propres forces pour réaliser son propre projet. Un peu plus haut, Epictète a critiqué les hommes qui geignent de ne pas avoir ce qu’ils souhaitent au lieu de mobiliser leurs forces – dont ils sont les seuls responsables – pour aller chercher ce qu’ils souhaitent.

Yalla comme dit sœur Emmanuelle…


(1) Et dans le mythe de Prométhée également (voir le Protagoras de Platon)

(2) De fait le paragraphe XVI souligne combien la providence nous est favorable, puisqu’elle a fait que les animaux qui nous servent font par eux-mêmes tout ce qui est nécessaire à leur survie – sans qu’on ait le besoin de s’en occuper.

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