Dieu existe, je l’ai rencontré.
André Frossard – Titre d’ouvrage
Il faisait les cent pas en bas de chez moi. Avec sa gabardine au col remonté, son feutre baissé sur les yeux, on ne voyait pas son visage.
Quand je me suis approché, il m’a regardé et il m’a parlé :
- Je suis Dieu, m’a-t-il dit.
- Dieu existe, je l’ai rencontré, me suis-je dit.
Ce petit récit met en scène un seul des sens possibles de cette formule de Frossard. Car on aurait pu aussi prétendre que c’est au terme d’une nuit fiévreuse de méditation – ou après l’absorption de substances vénéneuses – que la lumière inondant l’âme était venue révéler sa présence. Peut-être même qu’on préfèrerait cette vision quasi surnaturelle à l’histoire d’une rencontre si prosaïque.
Car ressentir Dieu dans l’immanence du vécu quotidien, l’entendre frapper à sa porte comme faisaient les Dieux grecs, ça ne nous intéresse pas vraiment.
Non, ce qu’il nous faut à nous, c’est de la transcendance, de la vraie, de l’écrasante, celle qui nous fait ressentir notre petitesse et l’extraordinaire privilège que constitue pour nous cette vision.
Dans ce monde désenchanté (Weber, Gauchet), nous avons besoin du merveilleux de l’extase. Toutefois, si rencontrer Dieu est une bonne façon de l’éprouver il faut avouer qu’il y en a quelques autres.
Voici par exemple celle que j’ai observée : j’étais il y a quelques jours dans l’église de Talmont en Gironde (1). Des hauts parleurs diffusaient en sourdine quelque chose que je crois être la Passion selon saint Mathieu de Bach. Sur un banc, en femme – la quarantaine ( ?) est assise. Elle sert la main de son mari ( ?) qui est à ses côtés, elle a les yeux fermés – sur le visage une expression de profonde extase.
Si vous n’avez pas près de chez vous un joyau de l’art roman, essayez dans votre salon avec la musique de votre choix.
(1) Merveille de l’art Roman saintongeais, voyez votre guide touristique
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