Le seul vrai problème philosophique ce n'est pas le suicide, c'est de savoir pourquoi on ne peut pas se suicider.
Louis Gauthier (Romancier québécois) – Les grands légumes célestes vous parlent
Notre ami Louis Gautier (dont je n’ai pas lu les romans mais qui parait être un auteur tout à fait respectable) pose ici une question faussement naïve, à la limite de la question rhétorique.
Car enfin, tout le monde sait que les religions condamnent le suicide sauf dans des cas bien précis, comme celui des guerriers japonais qui, dans la défaite, reconnaissent que le déshonneur ne leur permet plus de vivre. Et que l’instinct de vie qui nous tient est ce qui nous retient dans la vie, au point que les suicides (des employés France-Télécom par exemple) nous font frémir en nous donnant la mesure de l’horreur du travail dans cette entreprise.
Mais si j’ai dit « faussement naïve » c’est qu’on peut en tirer une autre question : quelle est la valeur de la vie, et en quoi l’emporte-t-elle sur la mort ?
Cette question est l’objet de la célèbre tirade de Hamlet To be or not to be (1). On connaît sa réponse : il faut refuser la mort (par suicide entre autre), non pas parce qu’elle serait une lâcheté déshonorante, mais parce qu’en donnant accès à l’au-delà, elle peut être source de maux bien pires que ceux qu’on éprouvés durant la vie.
Ce n’est pas qu’on ne puisse pas se suicider parce qu’on n’en aurait pas le droit. C’est que l’inconnu de la mort (de l’après-mort si l’on peut dire) est source de peurs : elle est une obscurité que rien ne vient percer sinon nos fantasmes les plus angoissants.
(1) En français ici. On peut aussi consulter mon Post du 23-04-2006
No comments:
Post a Comment