Friday, October 16, 2009

Citation du 17 octobre 2009

Il importe donc, pour avoir bien l’énoncé de la volonté générale, qu’il n’y ait pas de société partielle dans l’Etat, et que chaque Citoyen n’opine que d’après lui.

Rousseau – Du contrat social, livre II, ch. 3

A l’heure où la société française s’offusque des rumeurs de népotisme (1) entourant la nomination de fils du Président à la tête d’abord du conseil général des Hauts-de-Seine, puis de l’organisme gérant les affaires du quartier de la Défense à Paris (EPAD), la réponse du pouvoir est invariablement la suivante : Jean Sarkozy a été élu, et n’obtiendra de nouvelles fonctions à l’EPAD que s’il est régulièrement élu.

L’élection est donc la garantie de l’honnêteté du processus et une garantie contre le népotisme.

Comme si les élections africaines – entre autre – ne nous avaient pas déniaisés au sujet des élections soit disant démocratiques.

Mais, dira-t-on courroucé, pourquoi parler d Afrique ? Y a-t-il en France, à n’importe quel niveau des urnes bourrées, des listes électorales trafiquées ? (2)

Bien sûr que non. Mais il y a d’autres moyens tout à fait réglementaires ceux-là de fausser une élection démocratique. Il s’agit des élections sous influence, où l’on vote comme l’a demandé le curé (3), comme l’exige le patron, comme le souhaite le député qui vous a fait obtenir un HLM avant votre tour. Et il ne s’agit pas seulement de clientélisme.

Déjà, Rousseau (nous y voilà) en 1762 avait abordé le sujet : que chaque Citoyen n’opine que d’après lui. Dans une élection, personne ne doit voter selon les préconisations d’un parti, d’un syndicat, d’une chapelle, etc… La démocratie, c’est le vote d’un citoyen opinant en son âme et conscience sur ce qu’il considère comme étant le bien public. Dès lors que les citoyens votent selon des intérêts privés, il n’y a plus de démocratie, mais seulement une oligarchie.

Toutefois, il est évident que les membres d’un parti ne vont pas voter pour un autre candidat que le leur, même si ce candidat n’est pas le meilleur en lice. Que faire alors ?

Rousseau préconisait d’interdire les sociétés partielles, c'est à dire les partis, les syndicats, les corporations, et de faire jurer aux prêtres fidélité à la Constitution.

Amusant de penser que la démocratie pourrait passer par un régime d’interdits digne de la pire dictature. Telle est l’inconséquence des hommes…


(1) Népotisme ?... Vous avez dit né-po-tis-me ??? Ah… Heureusement que les médias sont là pour cultiver notre vocabulaire : quand un malheureux intello lâche un gros mot comme ça sur un plateau de télé il se fait vertement remettre en place. Mais quand c’est la média-sphère, alors là ce n’est plus la même chose.

(2) Je me place dans la perspective d’élections « officielles » engageant la responsabilité administrative de la République.

(3) Petit rappel : ce sont les partis de gauche qui ont refusé systématiquement, tout au long de la IIIème république que le droit de vote soit accordé aux femmes : parce que, croyait-on, elles vont voter comme le curé le demande – pour la droite conservatrice.

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