Est-ce que je crois aux fantômes ? Non, mais j'en ai peur.
Madame du Deffand
Je pense donc qu’il y a des esprits de tout genre, sauf peut-être du sexe féminin.
[…] L’expérience quotidienne montre, en sus des raisons précédentes, qu’il y a des spectres sur lesquels nous possédons beaucoup d’histoires aussi bien modernes qu’anciennes.
Lettre 53 - Boxel à Spinoza (21 septembre 1674)
Les fantômes existent-ils ? C’est la question que Hugo Boxel a très sérieusement posée à son ami Spinoza, le quel lui a non moins sérieusement répondu (1).
Pour débroussailler le terrain, rappelons qu’il y a deux sortes de fantômes : les revenants, dont on parle généralement, qui sont les âmes des morts, parfaitement identifiables et qui viennent hanter les vivants avec des intentions variables ; et les esprits crées directement sans corps, et qui pour autant ne sont pas classés dans la cohorte des anges : c’est eux dont parle Boxel, raison pour la quelle ils ne peuvent être féminins (à noter qu’à la différence des anges dont on dit qu’ils n’ont pas de sexe, Boxel admet qu’il y a des spectres masculins).
Spinoza n’est pas d’accord : selon lui, les fantômes ne sont que des délires de notre imagination, et on ne peut donc raisonner à leur propos.
Pour démontrer l’existence des spectres, Boxel fait appel à deux éléments : d’une part l’autorité des auteurs qui ont affirmé leur existence ; d’autre part le fait que Dieu a dû nécessairement créer des esprits sans corps – donc aussi des fantômes.
Quand on lit ces lettres, on constate que Spinoza est un peu excédé par l’insistance de Boxel, et il fait dériver l’échange vers des questions nettement plus philosophiques, comme la notion de Dieu , d’infini, de nécessité, de hasard, etc…
Ah… Si Youtube avait existé à l’époque de Spinoza…
(1) Pour l’ensemble des célèbres lettres de Spinoza sur les fantômes, voir ici
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