Friday, October 02, 2009

Citation du 3 octobre 2009

On est ce qu’on est, en partie tout au moins.

Samuel Beckett - Molloy

Voilà une citation bien énigmatique : qu’est-ce qu’on est, quand on est ce qu’on est ? Et même : qu’est-ce qu’on est quand on n’est pas ce qu’on est ?

Déjà, admettez s’il vous plait qu’il n’y a pas que les philosophes pour vous prendre la tête avec des questions à la c… (1)

Alors, allons-y doucement :

- Dire : je suis ce que je suis, c’est énoncer le principe d’identité (A=A).

Ce qui suppose un parfaite transparence de la conscience de elle-même, puisqu’on pose l’égalité entre deux choses : l’être que je suis et la connaissance que j’en ai. Le corollaire étant la parfaite distinction entre soi-même et l’autre, entre l’intérieur et l’extérieur.

Exemple : quand on dit après une saoulerie ou à l’occasion d’une colère furieuse « Non, ce n’est pas possible ; ça ce n’est pas moi ».

- Oui, mais ce n’est qu’en partie qu’on est ce qu’on est.

Donc il y a aussi en nous quelque chose qui, soit est venu de l’extérieur, soit gît comme un secret dans notre for intérieur, mais qui de toute façon échappe à notre connaissance et qui ne coïncide pas avec ce que nous avons voulu être.

Tel et le destin chez les grecs (par exemple Œdipe déterminé à commettre son abominable crime sans même le savoir), tel est l’inconscient dans la psychanalyse.

Et aujourd’hui ? Avons-nous quelque chose qui exprime cet étranger qui nous habite de façon plus conforme à notre modernité ?

Après l’inconscient, nous avons cru à l’appartenance à une classe sociale, prolétaire ou bourgeois. Peut-être aujourd’hui faudrait il évoquer les gènes.

Ce qui est encore plus radical que l’inconscient, parce qu’on peut tuer le père, mais on ne peut pas tuer les gènes du père.


(1) Bon. J’admets que ça ne fait pas avancer le problème, mais ça fait du bien de le dire

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