Wednesday, October 07, 2009

Citation du 8 octobre 2009



Le chapon. - Je me souviens bien d’avoir entendu clairement qu’il y a bien des pays, et entre autres celui des Juifs, où les hommes se sont quelquefois mangés les uns les autres.
La poularde. - Passe pour cela. Il est juste qu’une espèce si perverse se dévore elle-même, et que la terre soit purgée de cette race.
Passons nous aussi sur le sens qu’il faut donner à l’antisémitisme féroce de ce dialogue : disons simplement que selon toute apparence il faut prendre cet échange entre le chapon et la poularde au second degré, ce conte philosophique de Voltaire d’où il est extrait étant écrit sur le mode ironique.
Non, je préfère quand à moi insister sur un aspect incontestable : l’horreur et la barbarie dans une société humaine est pour nous caractérisée par l’anthropophagie. Je serai tenté de dire que si on impute aux Juifs ce crime ce n’est pas qu’on y croie vraiment, mais plutôt pour caractériser l’horreur qu’ils inspirent. Puisque le Juifs sont abominables, alors ils doivent bien commettre des crimes abominables et donc se manger les uns les autres (1).
Voilà donc mon interrogation : qu’est-ce qui fait que l’anthropophagie apparaisse comme ce crime suprême, au point que depuis l’antiquité grecque il est pris comme indépassable ?
- Je dirai que cette horreur est bien un fait de civilisation et qu’il n’est pas considéré comme tel partout et ceux qui ont lu la Chronique des Indiens Guayaki de Pierre Clastres savent que ceux-ci dévoraient leurs morts avec une belle gourmandise. De là à les retrouver sur marmiton.org


Plus près de nous, on trouve sur cet excellent Blog, l’anecdote suivante : « Georges Clemenceau rapporte qu'à la fin du XIXe siècle, on trouvait sur les marchés d'Afrique équatoriale des individus, hommes et femmes, sur lesquels chacun marquait le morceau qu'il désirait acheter pour manger. Lorsque tout était vendu, la personne était abattue, découpée, et les morceaux distribués aux acheteurs. »
Encore plus proche de nous ? A-t-on trouvé expression plus féroce de la haine que cette exclamation d’un de nos dirigeant, s’écriant qu’il souhaitait voir son ennemi intime pendu à un croc de boucher ?
A quand le dépeçage ?
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(1) On a observé le même procédé lors du procès des Templiers, avec les accusations de profanation et de sodomie.

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