Les démocraties sont des régimes dans lesquels existe une organisation constitutionnelle de la concurrence pacifique pour l’exercice du pouvoir.
Raymond Aron – Démocratie et Totalitarisme
Et si le pouvoir dans les démocraties n’était pas essentiellement différent de ce qu’il est dans les dictatures ? Ou du moins, si les différences qu’on y observe ne résultaient que de la concurrence qui oppose les candidats à la magistrature suprême ?
Voyez par exemple les élections récentes en Tunisie. On ne critique pas le pouvoir pour ses abus à l’encontre des opposants – ou si peu que c’est à peine audible. On le critique pour l’absence de concurrence entre les candidats, au point que les électeurs interrogés en sortie des urnes avouaient ne pas connaître le nom des candidats de l’opposition à M. Ben Ali.
Si on en croit Raymond Aron, il suffit que la concurrence soit honnêtement organisée pour que la démocratie fonctionne. Cela supposerait donc qu’effectivement, le mode d’élection suffirait pour déterminer le contenu du pouvoir. Un candidat élu au terme de débats et d’élections transparentes serait donc automatiquement respectueux des valeurs de la démocratie et du bien public ? Il serait nécessairement à l’écoute du peuple et il s’efforcerait de satisfaire ses aspirations ?
Non, n’est-ce pas : personne n’y croit et ce n’est pas nous – nous qui avons démocratiquement élu Notre-Président et qui assistons à l’expansion de son pouvoir – qui allons être naïf à ce point.
Voilà ce que je crois : Aron parle fort justement du mode d’accès au pouvoir qui doit s’imposer en démocratie. Mais il devrait aussi parler du mode d’éviction du pouvoir.
Si en effet on croit que l’homme politique a une volonté absolument permanente qui est de se faire réélire après avoir été une fois élu, alors on doit imaginer que ses abus et son incompétence menacent se réélection..
Et on conclura donc que les dictatures issues de la démocratie sont caractérisées par l’absence d’alternance au pouvoir – le Président élu modifiant la constitution pour s’assurer un nombre illimité de réélections..
- Ce qui veut dire ?
- Que le pouvoir est nécessairement abusif, et que seules les procédures de sa mise en échec peuvent l’empêcher d’opprimer le citoyen. (1)
(1) Voir ce texte d’Alain.
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