Nous serons pauvres et nous souffrirons la misère aussi longtemps qu'il le faut, comme une ville assiégée qui n'entend pas capituler, mais nous montrerons que nous sommes quelque chose.
Vincent Van Gogh – Lettre à Théo - Janvier 1886
Pourquoi capituler ? Pour ne pas mourir ? Certes, mais on ne peut s’en tenir là.
Car pour ne pas succomber à l’ennemi, au cas où il souhaiterait notre mort, il ne suffit pas de capituler ; il faut encore demander grâce.
Non, je trouve que dans l’idée de capitulation il y a, plus généralement, celle de l’abandon d’une action, d’une offensive ou d’une résistance. Bref, comme le dit Van Gogh, c’est renoncer à être quelque chose.
Alors je sais que bien des gens qui ricanent devant les déboires du Fils de Notre-Président, vont lire ces lignes en pensant à lui. Mais croyez-le bien, je ne suis pas du tout désireux de reprendre à mon compte ces commentaires qui sentent très fort la revanche politique.
Van Gogh nous en avertit : capituler, c’est simplement manquer de courage, et plus particulièrement du courage d’affronter le malheur.
Capituler, c’est choisir le bonheur – ou du moins fuir un malheur.
Bizarre… Faudrait-il donc souffrir ? Et pourquoi ?
Si capituler c’est renoncer à être quelque chose pour fuir la misère, alors on devine qu’être soi-même, s’affirmer tel qu’on est dans le monde tel qu’il est, c’est choisir en même temps et cette souffrance et ce malheur.
Pour Van Gogh, capituler c’aurait été renoncer à peindre – pire : continuer à peindre mais dans le genre de l’époque, celui qui lui aurait permis de vivre de son art.
Capituler, c’est rentrer dans le rang, cesser de se battre pour affirmer son originalité contre le conformisme des contemporains – ou contre leurs exigences.
Pour une Nation, c’est renoncer à la Souveraineté nationale (Armistice du 22 juin 1940) ; c’est aussi abandonner les prétentions d’un pouvoir expansionniste (Capitulation allemande du 7-8 mai 1945).
Libre aux ricaneurs de tout à l’heure de considérer que cette définition va comme un gant à la description de la situation franco-française d’hier.
No comments:
Post a Comment