La joie qui a besoin d'une cause, ce n'est pas de la joie, mais du plaisir.
Gustav Meyrink – La nuit de Walpurgis
Y a-t-il un plaisir sans joie ? Et une joie sans plaisir ? Est-ce raisonnable d’introduire ainsi une séparation entre deux états que nous vivons en principe simultanément ? Tout ça, c’est ergotage et compagnie…
Pourtant à mieux y regarder, on pourrait quand même dire que si joie et plaisir sont généralement simultanés ce n’est pas pour autant qu’ils se confondent et que, pour bien comprendre leur nature, il faut tout de même les envisager séparément.
Ce que nous pouvons faire avec Spinoza :
- La joie nous dit-il est la conscience d’un passage de notre être d’un état inférieur à un état supérieur. Elle est toute entière interne à nous-mêmes, elle n’a pas besoin d’une cause et surtout pas d’une cause extérieur.
Exemple : vous rencontrez une femme dont vous tombez amoureux. Elle peut bien vous apporter du plaisir – on l’espère même. Mais vous n’aurez de joie que si vous ressentez que vous grandissez à ses côtés – par exemple que vous devenez poète, ou que vous vous dépassez dans des exploits qui vous étaient auparavant inaccessibles.
Faut-il opposer la joie au plaisir ? Peut-être pas, mais les distinguer, sûrement.
Restons avec Spinoza. Selon lui, le plaisir est lié à un sentiment voluptueux qui est forcément éprouvé quelque part, c’est une titillation de tel organe à tel moment. Or, ce plaisir étant forcément limité à cet organe, il peut entrer en contradiction avec tel autre – et donc aussi avec l’organisme. Comme l’ivrogne qui éprouve du plaisir à boire, sans tenir compte que son corps est détruit par là. Le plaisir ici est déplaisir ailleurs. Or, avec la joie, rien de tel. Il n’existe aucune joie qui produirait en même temps de la tristesse. (1)
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(1) Sur la tristesse chez Spinoza, voir ici.
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