Saturday, September 25, 2010

Citation du 26 septembre 2010

Notre durée est irréversible. Nous ne saurions en revivre une parcelle, car il faudrait commencer par effacer le souvenir de tout ce qui a suivi.

Bergson

La maladie d’Alzheimer dont on parle beaucoup en ce moment apparaît comme une tragédie pour l’être humain qui y perd peu à peu son humanité, au point qu’on se demande s’il reste pour finir quelque chose de l’âme immortelle que Dieu a déposée en nous…

Mais c’est aussi l’occasion de réfléchir – tant qu’on le peut encore – sur l’apport de la mémoire.

La femme – l’homme – qui a perdu la mémoire, à supposer que sa faculté de réflexion ne soit pas altérée – et à supposer qu’on puisse réfléchir sans se souvenir – devrait y voir une chance plutôt qu’un péril.

--> N’avons-nous pas le désir de revivre notre passé, de rajeunir et de revivre notre jeunesse ? Or, voilà ce que nous dit Bergson : pour renverser notre durée et retrouver notre jeunesse, il suffit d’effacer le souvenir de tout ce qui l’a suivie. Donc une bonne amnésie et le tour est joué ! Le malade Alzheimer qui dit « Bonjour madame » quand se femme entre dans sa chambre n’est-il pas enviable ? En dehors du miracle de l’amour, chanté par Jean Ferrat (1), comment faire pour que ce soit toujours la première fois ?

Maintenant, supposons que nous ayons le choix entre perdre totalement la mémoire et la conserver intacte : quel parti prendre ?

Désirons-nous revivre notre vie comme si c’était la première fois – avec toute la fraîcheur de l’émotion première, avec l’intensité de la découverte ?

Ou bien mettons-nous au premier plan tout ce que nous avons appris et tout ce que nous sommes devenus à partir de là ?

On dira peut-être que cette question est oiseuse puisqu’on ne peut nous désolidariser de notre passé. Certes – mais la façon dont nous répondrons à cette question sera révélatrice de l’intérêt que nous portons à notre vie.

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(1) Voir ici

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