Certaines ont défini l'homme comme "un animal qui rit". Ils pourraient aussi le définir justement comme un animal dont on rit.
Bergson – Le rire
A propos d’un de mes précédents Post (dont j’ai malheureusement perdu la trace), un correspondant anonyme soutenait que le rire n’est pas le propre de l’homme puisque le singe rit.
Peut-être… De toute façon Bergson a mis tout le monde d’accord : ce qui compte selon lui, ce n’est pas de dire qui rit, mais de savoir qui est risible : « Qu’y a-t-il au fond de risible ? » c’est ainsi qu’il commence son petit essai sur le rire. (1)
On rit d’un homme, on ne rit pas de l’animal, sauf quand il contrefait l’homme. Voilà la thèse de Bergson, qui repose sur l’idée que le risible surgit quand l’homme déchoit de sa grandeur. Ça peut être simplement en tombant sur le trottoir, pantin désarticulé à la place du marcheur élégant. Ça peut être le bégaiement qui décompose l’élocution.
Autrement dit, c’est en quelque sorte une différence de potentiel entre l’attitude normale et celle qui amuse qui fait fuser le rire : il ne suffit donc pas de dire que le rire c’est du mécanique plaqué sur du vivant (2). C’est vrai bien sûr, mais seulement dans le cas de l’être humain qui est censé dominer le mécanique. Sans quoi l’animal nous donnerait bien parfois une image de l’être vivant accomplissant mécaniquement sa tâche.
Dernière remarque – On a l’habitude de définir l’homme par ses capacités : c’est l’être pensant, ou bien créant, ou encore parlant et échangeant avec ses semblables… Et si on le définissait par ses défauts caractéristiques, ceux qu’aucun animal ne possède ? On l’a fait, avec la guerre, la cruauté gratuité, la lubricité…
Oui, mais je reste tenté par la formule de Bergson : l’homme est un être risible.
C’est plus gentil.
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(1) À télécharger ici.
(2) Bergson : cité ici
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