La révolution contre les castes ou les classes : stupide ! Les révolutions devraient se faire contre certains vices : par exemple, à mes yeux, une révolution contre l'avarice serait légitime. L'avarice implique toujours l'inhumanité. C'est la passion anti-sociale par essence.
Edmond et Jules de
Goncourt – Journal (28 juillet 1862)
.
Commentaire I
Au moment où le régime syrien apparait comme celui qui gaze
des enfants, commettant ainsi un crime dont l’horreur dépasse le simple clivage
qui oppose des démocraties à une dictature, la morale prend la place de la
politique : plus qu’un crime, c’est une faute – sans doute inexpiable.
Raison pour laquelle les frappes
française (éventuelles) sont présentées comme une punition chargées de
sanctionner cette faute ; raison aussi de revenir sur la question des
rapports entre la morale et la politique
« Les
révolutions devraient se faire contre certains vices »
Si donc – une fois de plus – la morale prétend supplanter
la politique, il est bon de revenir sur cette citation des frères Goncourt.
En effet, que dit notre bien-aimé Président ? Que
les frappes contre Bachar el-Assad sont des punitions
qui lui sont infligées pour avoir gazé son peuple, hommes, femmes et enfants
compris. Puni – et non menacé dans son pouvoir, ni diminué dans son
potentiel militaire. D’ailleurs vu le délai qu’on met à déclencher l’offensive
(1) on devine que les objectifs ont déjà été déplacés, enterrés etc., et on ne
voit pas quel effet autre que la manifestation de notre indignation on pourrait
encore espérer.
Que comprendre ? Comment un tel projet peut-il voir
le jour à l’heure où la stricte efficacité et le « retour sur
investissement » tient lieu de boussole à tous ceux qui exercent le
moindre pouvoir ?
Ecoutons les Goncourt pour mieux comprendre. Pour eux
aussi, la Révolution est lutte contre le pouvoir. Mais ne nous trompons pas
d’ennemi disent-ils : supprimez la bourgeoisie, donnez le pouvoir au
peuple, et vous aurez changé de tyran, vous n’aurez pas supprimé la tyrannie.
Parce que le véritable ennemi de l’humanité, c’est l’avarice – disons : la
passion du profit. Ce qu’il faudrait supprimer, c’est ce vice ; tant qu’on
ne saura pas le faire, inutile de bouger.
Conséquence : l’action pour réformer le monde et
mettre l’Histoire sur les bons rails devra porter sur le respect des
valeurs – je veux dire : des vraies valeurs celles qui sont vraiment
transcendantes !
Que faire pour faire respecter les valeurs de l’humanité
en Syrie ? Balancer des missiles sur Damas ? Laisser la Charia s'installer ?
La suite à demain.
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(1) A l’heure où j’écrivais ces lignes celle-ci était
encore à l’ordre du jour.
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