Nous avons
généralement en France un gouvernement d'hommes qui savent ce qu'ils veulent.
Ils veulent y rester.
André Frossard
Les hommes qui
sont au gouvernement ne pensent qu’à une chose : y rester.
Voilà une idée
qui court les rues, surtout depuis Machiavel : l’homme politique cherche
soit à conquérir le pouvoir, soit à le conserver. S’il se bat ce n’est pas pour
faire triompher ses idées, mais pour être élu. S’il possède ce
pouvoir et qu’il se dévoue pour la Nation, ce n’est pas parce qu’il est un
patriote, mais seulement qu’il veut conserver ses prérogatives. La preuve en
est que, s’il a la chance (!) d’être dictateur, la corruption et la gabegie ne
le gênent pas du tout à condition qu’il ait une milice dévouée à sa sécurité.
Cette critique
du pouvoir politique me fait penser à ceux qui disent : tous incapables…
Tous corrompus… Tous pareils. Car alors on utilise une clef qui ouvre toutes
les portes, une idée passe-partout.
Mauvaise
foi ? Peut-être. En tout cas, c’est toujours le même style de critique que
l’on entend : « Comment ? Vous voyez dans l’action du
gouvernement autre chose que la poursuite égoïste de l’intérêt individuel ou
partisan ? Naïf que vous êtes ! Trouvez donc une seule de
leurs décisions qui n’ait pas au bout du compte une arrière-pensée
électorale !»
La charge de la
preuve incombe alors non à l’accusation mais à la défense. Comme si, après vous
avoir accusé d’avoir trucidé votre femme et d’avoir fait disparaitre ses restes
dans la chaudière, on exigeait de vous que vous prouviez que ce n’est pas vrai.
A l’inverse, la présomption d’innocence qui
régit notre droit signifie que la charge
de la preuve incombe à l’accusation.
Alors, que pourrait
donc faire l’accusation pour prouver que Frossard a raison et que nos ministres
gouvernent, non pas avec le souci du Bien Public, mais avec celui d’être
réélus ? Les cas particuliers de gouvernants corrompus par leur ambition ne
peuvent être généralisés que s’ils révèlent un trait commun de la race des
hommes politiques. Et avant de prouver que ce trait existe, il faut déjà
établir que cette race existe aussi, ce qui parait difficile.
Et si on nous
disait plutôt : « D’accord, on ne peut rien prouver ; mais, par
précaution, faisons comme si leur seul souci n’était que leur pouvoir personnel. »
- Que répondriez-vous ?
– Qu’il suffit de suspendre leur réélection au
succès de leur gouvernance.
Donc :
quand on élit un nouveau Président, on le met en observation. C’est quand on le
réélit – ou pas – qu’on le juge.
Patience,
camarades : 2017 n’est plus très loin.
(Aïe ! Les
amis à qui j’ai fait lire ce texte me tapent sur la tête, mon bien le plus précieux…
Soumis à cette amicale pression, je modifie ma conclusion :
« Camarades, en 2017, vous pourrez – ou pas – confirmer dans son pouvoir celui qui nous a
promis de sortir la France de la récession et
de l’injustice sociale. »
- Ça va comme ça ?)
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