Tuesday, September 03, 2013

Citation du 4 septembre 2013


Faites bien – Laissez dire
Devise lue sur un porche à Lunéville

Cliché J-P Hamel
Faites bien – Laissez dire : je suppose que cette devise doit aussi se lire au-dessus de la porte de l’Hôtel Matignon ou de celle du Palais de l’Elysée…
Telle est en effet la rançon de la démocratie : quand on fait pour le mieux, on n’en est pas moins critiqué, de bonne ou de mauvaise foi, par des gens qui estiment qu’on pourrait avoir mieux pour moins cher (= moins de taxes, moins d’impôts). Reste que le seul moment où la critique démocratique de l’action gouvernementale devient décisive est le moment des élections. Le reste du temps, c’est une opinion publique, dénuée de légitimité et donc de pouvoir : c’est alors que le gouvernement peut « Laisser dire ».
Reprenons : Faites bien – Laissez dire signifie : dès lors que je fais bien, toute critique est évidemment non pertinente : tranquille certitude.
Oui, mais : peut-t-on « Bien faire » quand on fait le contraire de ce que demande le peuple ?
Posée comme ça, la question est tranchée à l’avance : la démocratie étant la doctrine de la souveraineté populaire, on ne peut gouverner légitimement qu’en exécutant le vœu populaire.
Sauf… Sauf si gouverner signifie agir en tenant compte de la réalité : et comment faire autrement ? A n’en pas douter, en 1940 le vœu du peuple anglais n’était surement pas de subir la guerre : ça n’empêche que Churchill lui a promis « de la sueur du sang et des larmes ». (1)
Il faut donc poser la question autrement : « Si gouverner c’est réaliser ce que veut le peuple, quelles sont les limites de l’action politique ? ». Car il arrive que le vœu populaire soit irréalisable et que les seules voies possibles pour l’action politique soient imposées par les faits réels ; en réalité il ne s’agit plus de gouverner, mais seulement de gérer.
D’ailleurs, si la politique signifie choisir le bien plutôt que le mal, ou, si l’on veut, le bonheur plutôt que le malheur, alors on n’a que faire de la voix du peuple : un despote éclairé fera l’affaire.
Rappelons que, pour montrer que la démocratie est indispensable, Rousseau soutenait que les objectifs de l’action politique devaient être définis par le peuple, parce que lui seul connaissait exactement ses propres besoins.
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(1) On rappellera que, la guerre terminée, Churchill a été battu aux élections.

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