Faites bien – Laissez dire
Devise lue sur un
porche à Lunéville
Cliché J-P Hamel
Faites bien –
Laissez dire : je suppose que cette devise doit aussi se lire
au-dessus de la porte de l’Hôtel Matignon ou de celle du Palais de l’Elysée…
Telle est en effet la rançon de la démocratie :
quand on fait pour le mieux, on n’en est pas moins critiqué, de bonne ou de
mauvaise foi, par des gens qui estiment qu’on pourrait avoir mieux pour moins
cher (= moins de taxes, moins d’impôts). Reste que le seul moment où la
critique démocratique de l’action gouvernementale devient décisive est le
moment des élections. Le reste du temps, c’est une opinion publique, dénuée de
légitimité et donc de pouvoir : c’est alors que le gouvernement peut
« Laisser dire ».
Reprenons : Faites
bien – Laissez dire signifie : dès lors que je fais bien, toute
critique est évidemment non
pertinente : tranquille certitude.
Oui, mais : peut-t-on « Bien faire » quand on fait le contraire de ce que demande le
peuple ?
Posée comme ça, la question est tranchée à
l’avance : la démocratie étant la doctrine de la souveraineté populaire,
on ne peut gouverner légitimement qu’en exécutant le vœu populaire.
Sauf… Sauf si gouverner signifie agir en tenant compte de
la réalité : et comment faire autrement ? A n’en pas douter, en 1940
le vœu du peuple anglais n’était surement pas de subir la guerre : ça
n’empêche que Churchill lui a promis « de la sueur du sang et des
larmes ». (1)
Il faut donc poser la question autrement : « Si
gouverner c’est réaliser ce que veut le peuple, quelles sont les limites de
l’action politique ? ». Car il arrive que le vœu populaire soit irréalisable
et que les seules voies possibles pour l’action politique soient imposées par
les faits réels ; en réalité il ne s’agit plus de gouverner, mais
seulement de gérer.
D’ailleurs, si la politique signifie choisir le bien plutôt
que le mal, ou, si l’on veut, le bonheur plutôt que le malheur, alors on n’a
que faire de la voix du peuple : un despote éclairé fera l’affaire.
Rappelons que, pour montrer que la démocratie est
indispensable, Rousseau soutenait que les objectifs de l’action politique
devaient être définis par le peuple, parce que lui seul connaissait exactement
ses propres besoins.
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(1) On rappellera que, la guerre terminée, Churchill a
été battu aux élections.
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