Monday, September 23, 2013

Citation du 24 septembre 2013



La démocratie, c'est aussi le droit institutionnel de dire des bêtises.
François Mitterrand
1 – Il existe un droit institutionnel de dire des bêtises, du moins dans la sphère politique, là où règne la démocratie.
On le sait depuis le 18ème siècle : pour obtenir un régime politique juste et fécond, l’alternative est entre le despotisme éclairé et la démocratie. Le premier étant caractérisé par la science, le second l’est par l’opinion et donc par la possibilité de dire des bêtises. Possibilité qui doit être garantie institutionnellement pour résister aux assauts du despotisme, en l’occurrence : la certitude scientifique.
2 – Pourquoi préférer la démocratie qui dit des bêtises au régime du despotisme éclairé genre Frédéric II de Prusse ? La seule raison qui vienne à l’esprit est bien sûr que la science politique n’existe pas, et que la rationalité politique qui en tient lieu peut elle aussi non seulement dire des bêtises, mais aussi en faire puisqu’on suppose qu’elle détient le pouvoir par droit despotique.
3 – On arrive ainsi à la distinction entre dire et faire : il est plus grave de faire des bêtises que d’en dire, et c’est évident, puisqu’en politique ce sont les actes qu’il faut considérer, pas les mots.
Oui, mais : comment empêcher celui qui dit des bêtises de les faire ?
4 – Le principe est le suivant : on ne peut éviter de faire des bêtises qu’à la condition de pouvoir en  dire. Et non pas seulement parce que la parole est un exutoire qui libère les tensions politiques et rend plus facile d’adoption des bonnes décisions, mais aussi parce que le débat met en compétition des opinions dont aucune ne peut se prévaloir de détenir la vérité absolue, celle-ci résultant de la négociation entre les partenaires-citoyens. Rien ne peut garantir que la bêtise soit exclue des décisions prises à la majorité – rien sauf précisément le débat.

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