L'étendue est la marque de ma puissance. Le temps est la marque de mon impuissance.
J. Lagneau – Cours sur la perception, in Célèbres leçons et fragments
Un vieux réflexe me pousse à l’orée d’une nouvelle année scolaire à songer
aux cours de philosophie – ceux que je donnais, mais aussi à ceux que j’ai eus
en débutant ma terminale.
Il y avait alors des sujets de dissertation tellement classiques que
leur énoncé était devenu une référence, surtout quand ils étaient comme ici des
citations. Suite et fin.
3ème
partie : L'étendue et le temps ne sont point séparables.
Oui, les philosophes sont des tricheurs : ils vous
interloquent avec des questions bien paradoxales, et puis ils gardent dans la
manche une thèse qui décale complètement le sujet, mais qu’ils s’étaient bien
gardé de montrer. Odieux subterfuge ! Tout juste digne des sophistes
qu’ils abhorrent pourtant ! (1)
Bref, la thèse est qu’en nous, la puissance ne va pas
sans une certaine impuissance. Que si nous voulons changer l’ordre du monde il
faudra nous soumettre à ses lois, à sa logique, et que seul Dieu pourrait s’en
dispenser parce qu’il fait des miracles. Et encore faut-il se demander comme
Leibniz s’il ne répugne pas à cela.
Deux exigences inconciliables : avoir tout – tout de
suite ; et puis changer l’ordre des choses. Il faut choisir : ou bien
supprimer le temps, et ne rien changer du tout ; ou bien changer le monde,
mais alors prendre le temps que ça prend.
Le choix de la première exigence est vite fait et l’on retrouve
cette obsession du court terme (on a même fabriqué un mot pour dire ça :
le courtermisme), avec ses ravages
dans l’économie et dans l’environnement. En effet, ne pas avoir tout tout de
suite –on a vu hier que ça ne marchait pas – ne nous empêche as de vouloir tout
très vite.
En tout cas, avec la publicité, ça marche !
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(1) Notez que je suis innocent de cette tricherie, parce
que je n’avais pas posé ma problématique.
--> C’était à vous de la demander !
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