Toute l'industrie, tout le commerce finira par n'être qu'un immense bazar unique, où l'on s'approvisionnera de tout.
Zola – L'Argent
A société nouvelle, commerce nouveau : telle est la
leçon qui se dégage du roman d’Emile Zola, Au
Bonheur des Dames, publié en 1883 – roman dans le quel Zola décrit
l’apparition des Grands magasins, Le Bon Marché et les Grands magasins du Louvres étant les tout
premiers (1).
Dans le même temps où ces magasins apparaissaient, Paris
était transformé de fond en comble par Haussmann et les petits commerces,
ruinés par la concurrence, disparaissaient les uns après les autres (2). Les
petites employées de ces Grands magasins étaient soumises aux aléas de l’embauche,
à la précarité de l’emploi, conditions du développement exponentiel de ce type
de commerce.
Bien sûr on se dit que le monde actuel vient de loin, que
son passé s’enracine dans une réalité qui date d’un siècle et demi, et que,
plus que jamais, la concurrence ravage les cités, les vidant de leurs commerces
et regroupant les grandes enseignes dans des zones périurbaines, aux allures
d’excroissances pathologiques.
Bref : l’horizon deviné par Zola parait atteint
aujourd’hui. Y a-t-il une autre étape qui se profile derrière ?
Eh bien, oui. Il y a le commerce sur Internet qui a
modifié radicalement le comportement des clients. Souvent, les visiteurs des
magasins y viennent pour voir, se renseigner, manipuler les objets, et puis
vont acheter sur le Net à meilleur prix. Autrement dit, les magasins
« réels » sont devenus les showrooms pour des achats virtuels. A tel
point qu’une succursale d’un de ces grands magasins (c’est une FNAC je crois) a
décidé de faire payer une « caution » pour le panier (obligatoire)
pris à l’entrée du magasin – caution qui est remboursée seulement en cas
d’achat. Façon de faire payer un droit de visite pour ceux qui n’achètent pas.
On ne saurait décrire plus clairement les transformations qui affectent le
commerce dans les grandes villes, et qui n’est certes pas terminé.
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(1) Voir l’expo de la B.N. ici.
(2) Ironie de l’histoire, Paris reste aujourd’hui la ville
où le commerce de proximité se porte le mieux, en raison des difficultés à utiliser
la voiture.
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