Citation du 19 octobre 2013

En Allemagne, les médiocrités s'additionnent. En France, les supériorités se neutralisent.

Paul Claudel

La comparaison de la France avec l’Allemagne, ça ne date pas d’aujourd’hui : on avait signalé comment, dès 1914, Cendrars faisait l’éloge de l’armement allemand ; voici maintenant Paul Claudel qui s’y met.

Mais si les allemands sont plus forts que nous, ça ne veut pas dire qu’ils soient meilleurs. Comment cela ?

Les Allemands ont cette capacité assez extraordinaire de cumuler des médiocrités. Un peu comme des nains peuvent par leur nombre mater un géant,

les allemands auraient la capacité de mettre bout à bout lentement, méthodiquement le peu que chacun sait faire. Et beaucoup de  « peu », ça fait finalement beaucoup.

=> Les français seraient brillants, intelligents, supérieurs aux autres européens ? N’empêche que les voici en queue de peloton, dépassés par ceux-là mêmes qu’ils devraient surclasser aisément.

C’est que chez eux, les supériorités se neutralisent, parce qu’elles se perdent dans des querelles incessantes – comme les histoires d’Astérix nous l’ont bien montré. C’est un constant combat des élites pour la suprématie qui entraine leur paralysie générale, quelque chose comme une course cycliste où chacun, au lieu de courir selon sa propre stratégie n’a qu’un projet : empêcher les autres de s’échapper.

Certes, il ne faut pas pousser l’analogie trop loin : le combat des élites peut imposer une intense activité créatrice. Mais le résultat est finalement le même – voyez les psychanalystes : chaque courant  va, pour l’emporter, pousser son originalité théorique au maximum, au point de devenir caricaturale et donc inopérante. Et cette surenchère peut aussi se révéler entre les courants du même parti politique, entre les tendances du même syndicat, stérilisant leur action.

Bref : si les français sont à leur tour médiocres, c’est du fait d’un péché d’orgueil qui les empêche de regarder ce qui se passe au-delà de leurs frontières.