Il y a dans
la douleur une pureté infatigable, la même que dans la joie, et cette pureté
est en route dessous les tonnes d’imaginaire congelé.
Christian Bobin – L’Inespérée
De
l’imaginaire congelé…
Brrr !!! L’imaginaire, production de l’imagination, devient figé comme un
poisson dans le bac de surgelé dès lors que l’imagination est en panne. Mais ce
n’est pas cela qui intéresse notre auteur, ce qu’il veut, c’est restaurer la
dignité de la douleur qui, délivrée de toute forme particulière, est d’une
pureté absolue. Ça va faire plaisir au malheureux qui se tord de douleur dans
les affres de la maladie, ou à la femme qui pleure son enfant mort : en
eux chemine une pureté pareille à la joie.
o-o-o
« Il y a dans la douleur une pureté
infatigable » – Mais enfin, qu’est-ce que c’est que cette pureté ?
A-t-on le droit d’écrire des choses pareilles ? N’est-ce pas un
paradoxe révoltant ?
PURETÉ, subst. fém. A. Domaine concr.
1. État de ce qui est sans mélange. (TLF)
- Nous voilà renseignés : Bobin
prend la pureté comme ce qui est sans mélange, et donc bien sûr, il suffit de
souffrir suffisamment pour qu’il n’y ait plus de place dans notre conscience
pour autre chose que pour cette abomination. Les malheureux soumis à la torture
le savent bien : s’il peuvent concentrer leur esprit sur quelque chose
comme résoudre des équations alors ils se décentrent de leur souffrance et ils
la ressentent moins. Mais alors, leur souffrance n’a plus cette pureté que
semble célébrer Christian Bobin ?
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