L'économie cannibale ne perd jamais rien de ce qui accable
les hommes. Elle fait profit de tout.
Pierre
Drachline – Fin de conversation (1996)
On a depuis longtemps dénoncé la cupidité des hommes qui traitent
leurs semblables comme un instrument pour faire toujours plus de profit. Ainsi
du maitre avec ses esclaves, ainsi du capitaliste avec ses ouvriers. Mais tout
cela n’est rien à côté des puissances financières d’aujourd’hui. Avec les
progrès de la techniques et avec la puissance décuplée dont on jouit à présent,
voici que l’exploitation de l’homme par l’homme ne suffit plus : c’est la
planète entière qu’il nous faut !
Image
trouvée ici
Heidegger avait il y a bien longtemps énoncé cette
caractéristique de la technique : elle n'est pas seulement un dispositif mécanique,
mais elle est aussi un moyen permettant de sonder la nature humaine en fonction de l’usage qu’en
fait l’humanité. La technique nous révèle que pour nous, la nature n’est qu’un
stock de ressources dans la quel nous puisons : ce que Heidegger appelle
l’arraisonnement de la nature (1).
Mais en même temps que l’homme organise la domination de la nature, il se rabaisse
lui-même jusqu’à n’être qu’une pièce du dispositif technique. Pour accomplir
l’essence de la technique l’homme doit se désolidariser de la nature, oublier qu’il
est l’être qui ne peut être qu’en son sein. Dénaturalisant la nature, il se
dénature lui-même. Ce qui fait que lorsqu’on dit : « La première
espèce à sauver, c’est l’espèce humaine », ce n’est pas une boutade.
-------------------------------
(1) Sur le concept d’arraisonnement voir ici. J’ajoute que
s’il nous faut un philosophe pour penser le drame que constitue la destruction
de la planète par l’humanité, Heidegger pourrait être celui-ci.
No comments:
Post a Comment